Montmartre sans touriste ! Une exposition présente l’un des pionniers de l’art abstrait, Otto Freundlich, qui introduisit un nouveau langage visuel fait de seules formes et couleurs aux côtés de Kandinsky, Delaunay, Mondrian. Allemand, attiré au début du XXe siècle par l’avant-garde artistique, il devient l’ami de Picasso. Par son intermédiaire, il rencontre Apollinaire, Derain, Braque et bien d’autres artistes prometteurs. Mais ses origines juives, ses idées politiques, son mode de représentation abstrait feront de lui l’homme à abattre pendant la période 1937-43. L’une de ses sculptures¹ fit la couverture de l’opuscule publié pour l’exposition la plus odieuse du XXe siècle, celle qui ouvrit à Munich 1937 et qui voyagea dans les villes du III e Reich sous le titre d’ » Art dégénéré ». Il meurt en 1943 dans un camp d’extermination en Pologne. Mais au-delà de ce destin bouleversant, on retiendra de lui, la force de son œuvre, ses mosaïques colorées où s’exprime une vision optimiste de l’humanité et ses reproductions des vitraux de la Cathédrale de Chartres.
« J’ai été pendant cinq mois prisonnier du monde à Chartres et j’en suis ressorti marqué à toujours. »
Michèle Robach
¹Exécutée en 1912, Grande Tête fut détruite par les nazis exécutant leur programme d’« épuration » des collections. En 2010, au cours de travaux du métro à Berlin, onze sculptures ont été dégagées du sol. Parmi elles, une « Tête » de Freundlich de 1925, victime de la même haine.
« Otto Freundlich (1878-1943), la révélation de l’abstraction » au Musée Montmartre jusqu’au 31 janvier 2021