Hommage aux femmes de l’École de Paris

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Le printemps approche… et si on partait pour Rodez voir ou revoir le magnifique Musée Soulages et découvrir son exposition temporaire qui rend hommage aux artistes femmes à Paris dans les années 1950. Si leur contribution a été majeure, les oeuvres de ces peintres, graveuses ou sculptrices de l’après-guerre sont pourtant demeurées quasi confidentielles. Il est temps de les mettre en lumière et de leur rendre leur importance !

Découvrir la « moitié suicidée du génie créateur de ce siècle » (Lea Vergine)

Les femmes semblaient alors cantonnées aux domaines de la décoration, du modernisme et de l’artisanat… Les années après-guerre sont marquées par une véritable éclosion d’artistes femmes dans la capitale, le renouveau des expositions et la reprise des salons (au Salon des réalités nouvelles de 1956, 10 femmes sont présentes parmi les 96 exposants…). Les artistes femmes ne forment pas un corps organisé, elles avancent en ordre dispersé, alors qu’elles sont pourtant nombreuses dans ce milieu des arts dominé par les hommes. L’abstraction domine leurs oeuvres. La jeune Académie moderne fondée par Fernand Léger leur est une aide précieuse. Les femmes des années 50, formées par des hommes, s’ignorent et souvent se méconnaissent. Beaucoup n’auront pas la reconnaissance qu’elles méritent, mais elles traceront une route dans ce qu’on appelle l‘École de Paris. Il faudra attendre la fin des années 60 pour qu’on puisse parler d’« art féministe » et de thèmes proprement féminins.

Certaines femmes ont dû signer d’un prénom masculin pour pouvoir travailler. Geneviève Claisse, l’une d’entre elles, raconte : « Il n’empêche qu’il arrive parfois que des amateurs de sexe masculin intéressés par une oeuvre de moi soient pris de doute en apprenant que G. Claisse n’est pas un Gaston ou un Georges mais une Geneviève. » Pourtant, « elles sont d’abord des artistes et ne se positionnent pas du tout dans un mouvement féministe » explique Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine et directeur de l’EPCC musée Soulages.

©Femmes années 1950 - Musée Soulages Rodez♦Les figures fondamentales : Sonia Delaunay, Sophie Taueber-Arp.
♦Les plus connues : Maria Helena Vieira da Silva, Aurélie Nemours, Joan Mitchell.
♦Les moins connues : Marcelle Cahn, Natalia Dumitresco, Marta Pan.

Des pionnières aux jeunes pousses

83 oeuvres de 42 artistes ont été réunies pour cette exposition temporaire dans la grande salle dédiée à cet effet au musée, conformément au voeu de Pierre Soulages qui souhaite montrer d’autres artistes et d’autres mouvements. Le maître de l’Outrenoir en a connu quelques unes, dont Pierrette Bloch, Marie Raymond, Colette Brunschwig ou Liliane Klapisch. Christophe Hazemann, directeur adjoint du musée et commissaire de l’exposition, parle d’un énorme travail de recherche pour trouver certaines oeuvres, véritable chasse au trésor !

« L’atmosphère qui règne dans le musée reflètera la liberté de l’après-guerre et fait ressortir le contraste et la complémentarité des talents. » Alfred Pacquement président de l’EPCC Musée Soulages

Il faut bien sûr profiter de cette exposition temporaire pour voir et revoir les oeuvres de Pierre Soulages qui fête ses 100 ans cette année et partir à la découverte des trésors cachés de la veille ville de Rodez.

Marie-Hélène Cossé

« Femmes années 1950 – Au fil de l’abstraction, peinture et sculpture. » Musée Soulages jusqu’au 10 mai 2020 Les billets sont valables 28 jours (prix €11, réduit €7, gratuit pour les -18 ans) et donnent accès aux autres musées de la ville.

UN WEEK-END À RODEZ

Flâner dans le centre historique bordé de nombreuses ruelles médiévales et de belles demeures du 16e siècle, faire un tour à la cathédrale gothique Notre-Dame en grès rose (13e-16e siècle) habillée de somptueux vitraux anciens et contemporains.

♥Un bistrot coup de coeur : Le Café Bras du Musée Soulages avec un très beau panorama sur la ville. Jardin public du Foirail, avenue Victor Hugo, 12000 Rodez. Le restaurant est ouvert au déjeuner et le samedi soir. Réservation conseillée. 
♥Un hôtel de rêve : Le Château de Labro, Labro, 12850 Onet-le-Château.
Tél: 05 65 67 90 62. Un bistrot gourmand : son restaurant Le Clos.
♥Une maison d’hôtes de charme : La Maison de Louna, Le Bourg, 12260 Salles Courbaties. Tél: 06 08 26 60 43.
♥Un must : Chapellerie Ferréol, le plus vieux magasin de Rodez (1884) (Borsalino, Stetson, bérets, foulards, écharpes, gants…). 16 place du Bourg, Rodez. Tél : 05 65 68 00 41.

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