Le bleu de Geneviève

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Vous connaissez le bleu Klein, mais avez-vous entendu parler du bleu Asse du nom de sa créatrice Geneviève Asse ? Née en 1921, à Vannes, elle peint ses premiers tableaux, paysages et natures mortes à l’École nationale des arts décoratifs à Paris dans les années 40, avant de s’engager dans la Résistance. À la fin de la guerre où elle conduisait des ambulances de la 1ère DB, Geneviève passe de formes identifiables à des compostions qu’on dirait monochromes, où n’apparaissaient que quelques lignes et des encadrements esquissant une porte, une fenêtre, une « ouverture », comme elle titrait certaines de ses œuvres. Sa palette, qui se tient dans la gamme des blancs, bleus ou gris, est lumineuse, vibrante et poreuse. Nourrie des travaux de ses aînés, Braque, Morandi, Bram van Velde, à l’unisson avec ses contemporains, Nicolas de Staël ou Viera da Silva, Geneviève Asse a cheminé seule avec l’usage d’une seule couleur : le bleu, synonyme d’infini et de plénitude, où se projettent le ciel, la mer et la pensée. Cette couleur s’est imposée à elle, permettant à la lumière de s’infiltrer et autorisant le regard du spectateur à traverser sa toile. Geneviève Asse vient de mourir à Paris en août dernier à l’âge de 98 ans. Elle laisse en héritage ses bleus Asse, un bleu à la fois délavé et lumineux dont on ne connaît ni l’origine, ni la raison d’être.

« Une couleur qui lui est propre qu’on identifie d’emblée – un bleu de ciel ou un bleu-gris que modulent de très subtiles variations d’intensité – peut-être empruntée à cet instant de l’aube où forces de l’ombre et forces du jour s’équilibrent » (Charles Juliet)

Vicky Sommet

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