À l‘heure où seuls les regards permettent d’échanger, de ressentir et de percevoir la pensée de l’autre, le masque a ceci de magique, c’est qu’il donne au regard toute son intensité. Car dans le regard, il y a un être fait de chair et d’âme, tandis que dans les yeux, il n’y a personne. Rien de plus facile que de poser les yeux sur quelqu’un alors que poser son regard sur autrui nécessite une implication, un intérêt voire un don de soi. Et quand les regards se croisent, beaucoup de choses sont dites ou suggérées, éprouvées ou partagées. Regarder, c’est aussi laisser l’autre voir qui vous êtes, ce que vous pensez, et le laisser pénétrer, sans opposer de barrière, à l’intérieur de vous, de votre conscience et de vos intentions. N’hésitez donc plus, au nom de craintes de frein à votre liberté, à porter un masque et laisser votre regard libre d’aller où bon lui semble pour vous nourrir de l’autre, celui dont vous êtes solidaire en silence.
Vicky Sommet
