Tombons les masques !

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Cinq semaines de confinement, un temps précieux pour se découvrir soi et les autres… Spécialiste du modèle de l’Elément Humain, j’ai eu envie de faire le point sur moi-même en revisitant les trois principes d’authenticité, autodétermination et conscience de soi, bases de l’approche de Will Schutz¹.

L’authenticité²

Dès les premiers jours de confinement, moi qui défends l’authenticité, les questions affluent dans ma tête. Est-ce que je peux dire à mon conjoint et à mes enfants largement en âge de comprendre, que j’ai vraiment la trouille de tomber malade ? Que j’ai peur de mourir à 66 ans, d’autant que depuis le début de l’épidémie les personnes âgées sont considérées comme les plus vulnérables ? Est-ce que je peux leur dire que j’ai peur pour eux tous ? Que j’ai peur parce que mon activité de formatrice-coach a totalement cessé et que je ne gagne plus un centime ? Pour ma part, j’ai choisi de ne rien dire pour les protéger bien sûr et aussi me préserver. En faisant quoi ?

En expérimentant chaque jour ce que recommande Eckhart Tolle dans son livre « Le pouvoir du moment présent » :  rester dans le présent à chaque moment, sans se projeter dans ce qui pourrait se passer dans une heure, un jour, une semaine, un mois… Et ça marche !

L’autodétermination ou le choix³

Face au Covid 19 et à ce confinement forcé, j’ai pu par moment, céder à la tentation de me dire «  je n’ai pas le choix ». Aujourd’hui je pense qu’au contraire j’ai le choix de ma réaction à ces évènements inédits. J’ai choisi par exemple, puisque mon activité a totalement cessé, de faire de nouvelles choses ou des choses que je ne faisais plus depuis longtemps. Proposer du coaching solidaire, quelques candidats seulement. Me mettre sur une liste d’écoutants dans la réserve civique ; au vingt et unième jour du confinement, pas encore une seule personne à écouter… Étonnant mais vrai !

Alors que faire d’autre ? Profiter ! Avec ce temps que j’ai devant moi, j’ai repris des marches solitaires, et j’apprécie vraiment mon heure par jour. J’ai retrouvé le bonheur de la méditation, j’ai repris contact avec des personnes que j’avais perdues de vue, j’ai découvert le plaisir, oui c’est vrai, de faire du ménage, du repassage, des courses, de la cuisine… Toutes choses que je fuyais ou que j’avais déléguées ou que je faisais très vite tant j’étais obnubilée par le travail. Un autre choix qui a été fondamental c’est de faire tout cela sans culpabilité en se donnant tout simplement la permission d’être bien. Et pour moi cela est très difficile, alors que tant d’autres personnes vivent des moments si douloureux mais j’y arrive.

La lucidité sur soi

Le fameux « connais-toi toi-même ». À cet égard, l’Élément Humain nous invite à expérimenter notamment trois dimensions dans la relation interpersonnelle : l’Inclusion, le Contrôle et l’Ouverture.

L’Inclusion parle du nombre de contacts avec lesquels nous sommes à l’aise dans nos relations aux autres. En ces temps de confinement moi qui adore les contacts, après quelques jours où j’ai perdu mes repères, j’ai expérimenté le plaisir d’être seule. Être ma seule compagne pendant de longs moments plusieurs fois par jour. Et puis, dans mes marches solitaires, je fais de l’inclusion à distance : regarder dans les yeux la personne que je croise, lui sourire et lui dire bonjour de loin. J’ai découvert une nouvelle forme d’inclusion en respectant les gestes barrières. Une nouvelle forme de contact… sans contact !
Le Contrôle, l’impact ou l’influence que nous avons sur les autres et que les autres ont sur nous. Personnellement j’aime avoir le contrôle (ou l’illusion) du contrôle des situations et des personnes. Or avec le confinement, j’ai appris à lâcher ce contrôle. La reine du planning et des « to do lists » que je suis ou plutôt que j’étais, a retrouvé le plaisir de ne rien avoir à faire. Pas d’agenda, pas de rendez-vous, pas de journées programmées, pas d’horaires. Une espèce de lâcher prise très nouveau, très étonnant et très agréable.
L’Ouverture, autrement dit, la capacité de partager ses sentiments, ses secrets, ses pensées intimes. Personnellement, j’aime les relations dans l’ouverture et ce confinement avec ce temps qui nous est donné est un temps précieux et propice à l’ouverture choisie. Un temps pour se raconter, oser se découvrir et découvrir les autres, enlever ses masques habituels et réduire ses protections internes. Autrement dit, « bas les masques » pour affirmer qui nous sommes véritablement !

Étrange conclusion en forme de pied de nez à ce Covid-19, qui nous contraint à faire la chasse aux précieux masques chirurgicaux qui manquent encore si cruellement. Un masque peut en cacher un autre !

Rolande Kodsi Maio
Formatrice-Coach, , LHEP™, Licensed Human Element Practitioner
Site web: https://rkm.fr/

¹L’Élément Humain de Will Schutz, Dr en psychologie et statisticien, permet à chacun de développer son leadership, d’être à la fois leader de soi-même et leader des autres.
²Derrière ce terme d’authenticité se cache notre capacité à être dans l’ouverture : dire ce qui se passe pour soi, son vécu, ses ressentis et également notre capacité à écouter et entendre le vécu et les ressentis des autres, dans un climat relationnel sans danger pour aborder les difficultés qui se présentent dans la relation.
³Ce vocable de l’autodétermination recouvre notre capacité à comprendre les choix que nous faisons et assumer la responsabilité des conséquences intentionnelles et fortuites de ces choix.

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