Les mains sont une forme d’expression et nous racontent une histoire. Des Égyptiennes avec leurs ongles peints au henné pour exercer un attrait sexuel et signifier la fertilité, aux Chinois pour qui la couleur des ongles étaient un indicateur de classe (rouge pour les classes supérieures, pâle pour les autres), en passant par les Babyloniens avec leurs ongles de 15 cm avant de partir en guerre… pour en arriver aux ongles actuels, ongles « épées » d’une longueur insensée, à l’esthétisme et aux couleurs extravagantes, d’abord apanage des stars « combattantes » de la soul et du rap issues du ghetto, plébiscités depuis par les réseaux sociaux, symboles pour la génération Z de « l’empowerment » féminin, un « nail art » devenu très en vogue dans les quartiers huppés de la capitale, dans des salons spécialisés fréquentés aussi bien par les CSP + que les influenceuses.
« Jusqu’à présent, cette forme d’ongles était associée à la vulgarité, mais ce n’est plus le cas. Les femmes poussent de plus en plus loin le curseur de la longueur et de l’ornementation et c’est plus qu’un simple effet de mode, mais plutôt le symbole d’une femme aguerrie, avec une ouverture d’esprit qui caractérise les jeunes générations. »
Mais comment font les femmes qui les portent au quotidien ? Après enquête, dans la liste (non exhaustive) des choses les plus pénibles à faire quand on a de longs ongles, on peut citer : enfiler son collant, utiliser le lecteur d’empreinte du téléphone, taper sur son ordinateur, préparer des pâtisseries ou de la cuisine surtout quand on doit mettre les mains à la pâte, etc… Moralité ? Avoir toujours sur soi une petite lime à ongles (cela peut devenir utile en cas d’accroc ou d’attaque). La jeune esthéticienne interrogée sur le sujet a acquis avec ses ongles de 3 cm une dextérité confondante (que je lui envie) pour prendre les rendez-vous sur le tout petit cadre de son téléphone portable, tout en tenant négligemment ma main pour y apposer un vernis rouge très classique sur mes ongles plutôt… courts ! Alors, affirmation de soi ou summum du « mauvais goût » ? À chacune de voir !
Anne-Marie Chust