Avec une licence d’informatique obtenue en 68, elle fera toute sa carrière devant un ordinateur. Jusqu’à s’apercevoir que les plus de 50 ans manient peu ces outils et sont en situation d’handicap au moment où tout est, ou sera, informatisé. Elle crée alors l’association E-Seniors pour transmettre ses savoirs.
Curieuse de nature
« J’ai toujours évolué avec l’informatique. Après mes études à Jussieu, je devais être une des premières à présenter ce diplôme, je suis devenue programmeur, analyste-programmeur, j’ai créé des bases de données, des CD-Rom, des sites web, mis sur pied des réseaux, bref, tout ce qui avait trait aux start-up dans ce domaine m’intéressaient. Et à un âge déjà avancé, ma société ayant fait faillite, je suis retournée sur les bancs de l’école pour étudier la sécurité sur Internet et j’ai eu l’idée, en constatant que beaucoup n’y connaissaient rien en informatique, d’essayer de former des seniors ». Partie de rien, sans aucune connaissance pour créer une association ou une entreprise, elle se retrouve dans une MJC dans le 11ème, où la salle informatique n’est utilisée que le soir par les jeunes. Et ce sera le déclic !
Un clavier pour un empire
Aujourd’hui on ne peut plus faire sans ! Pour payer des factures, déclarer ses impôts ou recevoir des devis, l’ordinateur et son clavier sont nos meilleurs amis. « Si hier, la pression était moins forte et le besoin moins aigu, les profils d’utilisateurs aujourd’hui ont changé : d’un côté, les personnes aisées mais réfractaires au changement, de l’autre, celles qui n’ont pas les moyens, soit pour acheter un ordinateur, soit pour suivre des cours, et qui s’attendent à ce que ce soit gratuit. Mais tout le monde doit s’y mettre car il y a des choses qu’il est de plus en plus difficile de faire autrement qu’avec l’informatique ». L’objet de l’association est de lutter pour l’inclusion des seniors, réduire la fracture numérique et désenclaver l’isolement des personnes âgées.
Un accès à la formation et à l’information
Ce n’est pas si compliqué mais il faut d’abord lutter contre la peur de s’y mettre et montrer à quoi ça sert. « Avec les tablettes, il y a peu de risques que ça plante, qu’on rencontre un virus, avec un ordinateur et des mots-clés, le monde est ouvert. Et après, il faut acquérir une certaine culture Internet, savoir comment on peut acheter ou payer en ligne, comment se créer un profil. Pas obligé de savoir manier Excel ou Word mais juste ouvrir un navigateur ou envoyer des mails. Les personnes intéressées n’abandonnent pas facilement, les cours sont conviviaux pendant deux heures sur huit semaines pour les premiers pas ».
Le succès est au rendez-vous avec des cours dans plusieurs arrondissements de Paris car les besoins sont réels. 70% de femmes face à 30% d’hommes, avec des doyens autour de 95 ans, l’aventure est au bout de la souris !
Vicky Sommet