Hildegarde de Bingen, source infinie d’inspiration

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Abbesse visionnaire du XIIe siècle, auteure de traités de médecine, poétesse et compositrice, Hildegarde de Bingen, a écrit, entre 40 et 80 ans, les œuvres qu’elle a laissé à la postérité. Une véritable source d’inspiration pour les femmes d’aujourd’hui, loin des « produits dérivés » auxquels son nom sert de label.

Moniale de santé fragile

Dixième enfant d’une famille noble du Palatinat, Hildegarde a dès l’âge de 3 ans des visions : « Les paroles, en cette vision, n’ont pas le timbre de la voix humaine, elles sont comme une flamme qui lance des éclairs, comme un nuage qui évolue dans la pureté de l’éther. Je ne puis reconnaître la forme de cette lumière, l’on ne peut sans dommage contempler le disque du soleil. ». Entrée à 8 ans chez les Bénédictines du Monastère de Saint-Disibod, souvent malade – « ce qui nuisit à mon développement et m’empêcha de prendre des forces » –, elle prononce ses vœux perpétuels à 15 ans et devient abbesse à 38 ans, élue par ses compagnes.

Visionnaire renommée

En 1141, une vision lui ordonne d’écrire : « Je ne reproduis aucun autre mot, ceux seulement que j’entends, et je les révèle tels que je les entends dans ma vision, en termes latins mal équarris. » Hildegarde expose entre 1141 et 1163 ses visions mystiques dans son triptyque cosmique formé du Scivias, du Livre des mérites et du Livre des œuvres divines. L’abbesse compose pour les offices de son monastère des pièces poétiques et un drame liturgique, l’Ordo virtutum, dans lequel les vertus combattent le diable qu’elle nous donne à entendre : « L’âme est symphonique ; de même que la parole désigne le corps, la symphonie manifeste l’esprit ».

« Réceptacle de l’Esprit Saint », Hildegarde correspond avec les grands de son temps, prend la parole en public pour prêcher, instruit et fait des exégèses sur des textes bibliques ; elle précise qu’elle reste une « pauvre femme, naïve et sans instruction », tant ces tâches sont exclusivement réservées aux hommes.

Femme de science sensible à la nature féminine

Attentive à « ses filles tant dans leurs nécessités corporelles que dans celles de leurs âmes », la grande Hildegarde estime qu’elles doivent recevoir la même éducation que les garçons, un discours favorable à la femme peu courant à l’époque. Elle invente la lingua ignota qu’elle enseigne à ses moniales, une langue d’un millier de mots, issus d’un vocabulaire botanique, zoologique et médical proche des deux traités de médecine et de sciences naturelles, véritable encyclopédie des connaissances de l’époque qu’elle rédige dans un langage poétique. Dans Physica, Hildegarde place la nature au cœur de sa réflexion ; elle présente les plantes et leurs vertus thérapeutiques. Dans les Causes et traitement des maladies, elle s’intéresse aux comportements humains et à leurs effets sur les maladies car il n’y a pas de maladie, mais des hommes malades qui doivent être soignés dans leur totalité, corps et âme.

Morte en 1179, béatifiée en 1244, canonisée en mai 2012, Hildegarde est devenue en octobre 2012 le 35e docteur de l’Église et la quatrième femme à l’être.

Dans mon panthéon personnel, Hildegarde compte parmi ces figures uniques dont l’œuvre, source de bonheur et de grand plaisir, témoigne de l’épanouissement et du bien-être que procure la culture.

Isabelle Corbier
Fondatrice de Soracha, des expériences culturelles uniques

LIRE : « Les causes et les remèdes » d’Hildegarde de Bingen (Editions Jérôme Millon, traduction Pierre Monat, 2005), « Le livre des subtilités des créatures divines »,  « Lettres », « La symphonie des harmonies célestes » (Editions Jérôme Millon), « Hildegarde de Bingen » par Régine Pernoud (Editions du Rocher Paris, 1995).

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