Vie publique, vie privée… relations complexes entre ces deux univers aux frontières mouvantes. Vendredi, métro, douze stations, dans le carré d’une rame bondée, une jeune fille au parler fort raconte à son amie comment elle va « enfariner » son père pour lui soutirer argent et accord pour ses vacances à Mykonos via mensonges et entourloupes. Tout y passe : salaire parental, nom de l’hôtel, arnaques et plans masculins… sans un regard ni égard pour les voisins de banquette… médusés. Arrivée pour ma part à bon port, enjambant les Stan Smith immaculées de l’adolescente, je lui précisais de ne pas oublier dans son budget le prix du Mojito au Tropicana Club, haut lieu nocturne de l’île. En retour, j’eus le droit à un regard revolver ponctué d’un » De quoi tu te mêles Mamy ! » comme si j’étais entrée par fric-frac dans son journal intime qu’elle nous lisait à haute voix depuis vingt minutes sans aucune pudeur. La télé-réalité, les médias, les réseaux sociaux ont, en partie, ouvert les vannes de ces épanchements sans retenue ni censure sur la vie privée. La rue est aussi devenue le lieu où on défile pour afficher des idées qui étaient autrefois de l’ordre de l’intime. Intime mot ambigu puisqu’ il « désigne à la fois la plus grande ouverture à l’autre (être intime avec quelqu’un) et la plus grande fermeture (mon intimité) » dit Denis Marquet, philosophe.
Mid&Plus aborde cette semaine une problématique intime féminine (Bien-Être), dévoile l’intérieur caché des salles de bains (Culture), suit les traces d’une marcheuse solitaire en quête d’intériorité (Talents) et visite un deuxième atelier photo (Styles), où le temps d’un portrait un artiste essaie avec talent de vous voler et de fixer pour la postérité ce qu’il y a, peut-être, de plus secret en vous.
Christine Fleurot