Mise en selle par son père, grand écuyer, créateur du Musée vivant du cheval de Chantilly, Sophie Bienaimé prolonge cette belle histoire de famille avec les Grandes Écuries et l’art équestre.
Vieux cheval, jeune cavalière. C’est ainsi qu’a débuté Sophie Bienaimé. Le manège à 4 ans, non pas sur des chevaux de bois mais sur des poneys et, à 11 ans, son père, Yves Bienaimé, écuyer et esthète, lui offre un cheval qui connait toutes les figures de dressage, à tel point qu’il deviendra son professeur. « Il savait lire et compter et il m’a appris ce qu’un centre équestre ne m’aurait jamais enseigné : le coucher, la révérence, le cabrer, le pas espagnol, le passage, le piaffer, tous les exercices de haute école et de cirque. C’est ainsi qu’est née ma passion pour la scène, pour l’équitation et pour, au final, tenter, comme un défi, de présenter mon cheval en spectacle.»
Demi-volte renversée. Sophie Bienaimée suit des études d’attachée de presse mais un jour, son père la sollicite pour incarner la statue de la Renommée du sculpteur Coysevox, réalisée en marbre par le Roi en 1698 et dont une réplique a réintégré le sommet du dôme des Grandes Écuries de Chantilly en 1989, 200 ans après avoir été déboulonnée de son piédestal. L’idée a germé et on a fait appel à un plumassier pour fabriquer les ailes que porterait la danseuse sur son cheval, tel Pégase, le cheval ailé chevauché par une femme. Invitée par le Prince Rainier à venir à participer au 15e Festival du Cirque de Monte- Carlo, elle demande à sa supérieure de s’absenter un week-end pour participer à cet évènement : « C’est ou ta passion ou ton travail ! » lui a-t-elle répondu. Elle demande alors à son père de l’embaucher, le temps de retrouver un autre emploi, et elle n’est plus jamais repartie de Chantilly.
Un duo d’artistes. « Ce que j’aime le plus, c’est mettre en valeur le couple cheval et cavalier pour que tout ait l’air fluide, harmonieux. Il faut créer une entente entre les deux dans le travail, faire naître une complicité, surtout qu’ils passent de nombreuses heures à s’entraîner ensemble. Une fois les cavalières sélectionnées, je compose la troupe et je confie à chacune un cheval déjà dressé pour qu’elle apprenne à se tenir en selle, avec le sens de la scène. Car même si ce sont d’excellentes techniciennes, le sens artistique doit s’exprimer tout autant. Chaque cavalière a trois chevaux attitrés et le public nous dit toujours qu’il ressent la relation étroite que nous avons avec nos montures. Nous devons en effet les connaître par cœur pour pouvoir anticiper le moindre mouvement. Nous sommes de réels partenaires ».
Kavallisté* est le nom du spectacle donné aux Grandes Écuries qui emmène le public en Corse, avec des chanteurs de polyphonie dont les voix extraordinaires résonnent sous la coupole et vous donnent la chair de poule. Mais aussi, avec des montagnards, la mer, des femmes sur leurs ânes, des chèvres, toute l’âme de la Corse profonde. « Et avec notre troupe bien entendu, et ma sœur Virginie qui est comédienne, metteur en scène et qui connait bien les chevaux nous préparerons le spectacle de Noël sur un nouveau thème, celui de la Belle et la Bête, un spectacle que nous présentons depuis 30 ans. Et comme certains spectateurs reviennent chaque année, nous les avons accueillis enfants et maintenant qu’ils sont parents à leur tour, ils viennent aussi avec leurs enfants ».
Prolongez donc vos vacances en Corse en assistant, toutes générations confondues, au spectacle mis en scène, interprété et emmené au galop, par une troupe de cavalières passionnées, accompagnées de leurs partenaires qui ne manqueront pas de saluer pour le final, en courbette et sensibles à vos applaudissements.
Vicky Sommet
Écuries du Domaine de Chantilly
Kavallisté *Le spectacle Kavallisté sera présenté du 13 septembre au 1er novembre 2015 aux Grandes Écuries du Château de Chantilly
Petit rappel historique : quand vous dégusterez en famille une glace à l’heure du goûter, vous la napperez de crème Chantilly, une spécialité qui serait due au maître d’hôtel François Vatel qui, au 17e siècle dirigeait les cuisines du château et qui est passé à la postérité pour s’être suicidé pendant une réception alors que la livraison de la pêche du jour avait du retard. Catherine de Médicis l’ayant importée d’Italie (où les cuisiniers battaient la crème avec des verges de genêt) et introduite en France après son mariage avec Henri II, Vatel aurait, peut-être, servi cette « cresme façonnée » lors de la réception fastueuse du Roi par le Prince de Condé en avril 1671 à Chantilly.