La grande Flo de Coujan

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Imaginez un îlot de corail fossilisé aux qualités de drainage exceptionnelles. Sur ce site, 56 hectares plantés de cépages nobles qui donnent un large éventail de vins allant du léger fruité au capiteux. Ce n’est pas un rêve, vous êtes à Château Coujan chez Florence Guy, dans le canton de Murviel-lès-Béziers (Hérault). Pour cette femme, chef d’entreprise, ce n’est pas de tout repos d’être une vigneronne efficace quand on a des paons à gérer, que l’on est amoureuse de la biodiversité, que l’on a découvert une mosaïque gallo-romaine dans son jardin et que… ce n’est pas tout !

Le métier de vigneronne. Quand on est jeune ce n’est pas facile d’être une femme vigneronne, chef d’entreprise et de se faire respecter par ses salariés. Ce n’est pas aisé non plus de présenter son vin dans des salons : on vous prend pour une hôtesse, explique en substance Florence. Il faut faire face à la culture, à la vinification, à la vente et à la gestion. Avec l’âge tout devient plus facile. Une bonne raison de se réjouir de prendre de la bouteille ! Cela dit de nos jours le métier s’est féminisé. Dans l’appellation Saint-Chinian qui représente environ 20 villages, il y a maintenant 4 femmes chefs d’entreprise. Très souvent les vignerons travaillent en couple. « Avant de revenir à la propriété familiale, je faisais du montage de film à Paris. Je suis revenue à mes racines en 1988. J’ai tout appris de mon père ensuite j’ai fait quelques stages et une formation agricole », explique  Florence.

Le vin. Ici les cuvées de Bois Joli  sont encore élevées dans de traditionnels demi-muid de 600 litres fabriqués dans du chêne neuf de l’Allier. Les autres cuvées bénéficient d’un équipement plus moderne. « Nos vins sont souvent sélectionnés dans le guide Hachette et le Bois joli a été au top 100 du Languedoc Roussillon en Grande-Bretagne », précise fièrement notre vigneronne. Des vins élégants et féminins, aussi raffinés que l’étiquette qui représente depuis une dizaine d’années le paon, emblème de Château Coujan.

Les paons. « On a beaucoup perdu de paons cette année à cause des renards », Il y en avait environ 70 et il n’en reste plus que 40. Ses parents aimaient les oiseaux. Ils ont acheté un couple de paons dans les années 70. Ceux-ci se sont reproduits régulièrement. Pas de problèmes majeurs avec les voisins pour la bonne raison qu’il n’y en a pas à moins de 4 kilomètres. Quand les oiseaux préférés de Jupiter s’échappent, leur propriétaire en a généralement des nouvelles, sauf quand ils vont trop loin. « Un jour en allant acheter des poules, j’ai vu un paon en captivité. Il avait une plume blanche. J’en ai déduit qu’il venait sûrement de Coujan puisque nous avons des paons blancs qui fautent avec les autres. Tant pis pour lui, il n’avait qu’à pas partir ! »  s’exclame Florence.

Amoureuse de la nature et de la biodiversité. Florence a repris le travail de son père François Guy depuis les années 1991. Et depuis 2008 le passage à la culture biologique s’est effectué doucement sur les 140 hectares de terres cultivées. Des oliviers plantés en 1964 par François Guy couvrent maintenant 5 hectares et donnent la savoureuse Lucques, variété oblongue typique du Languedoc. Des variétés différentes de thym sont également plantées ici. « J’aime les papillons, les abeilles, les insectes en général… la saucisse et le pâté ! », ajoute malicieusement Florence.

Toute une histoire. En 1968, une mosaïque romaine a été mise au jour à Coujan en défonçant la vigne près de l’actuelle maison. Elle se trouvait non loin de la petite chapelle visigotique restaurée il y a une quinzaine d’années. « Nous l’avons accrochée au mur de cette chapelle pour ne pas la détériorer en marchant dessus. Coujan a été bâti sur une maison romaine qui était tombée en ruines. À l’époque, on avait récupéré des pierres pour construire la maison, seule la chapelle était restée debout. Elle a été restaurée il y a une quinzaine d’années.».

Et le reste… Pour compléter le tableau, Florence a aménagé dans la métairie deux gîtes de 70 et 95 m2 qui sont agrémentés par une belle piscine construite au milieu des oliviers. Mais ce n’est pas tout, l’infatigable vigneronne programme régulièrement des évènements : sorties de livres, concerts et animations en tout genre. La dernière en date qui avait pour thème  Mozart de la symphonie au concerto  a remporté un grand succès. Environ 400 personnes y ont assisté. Et bien entendu, c’est elle qui organise et qui reçoit les participants.

En conclusion, si la Grande Florence n’a pas monté de films, cela ne l’a pas empêchée de se faire son cinéma à Coujan. Elle ne regrette rien parce qu’elle est très attachée au lieu. « Ce sont mes racines, j’exerce un métier passionnant et convivial : on boit souvent des coups avec les clients et les vignerons, et l’on n’a jamais fini d’apprendre… »

Isabelle Brisson
Mid&SudOuest

Château Coujan
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