« Prom’nons-nous dans Péz’nas pendant qu’le touriste n’yé pas »… L’Office du Tourisme a compté environ 150.000 vacanciers l’an dernier dans cette ville de l’Hérault révélée tardivement avec le film « Cartouche »¹. Si la beauté architecturale du cœur de la cité qui a reçu Molière en son temps mérite le détour, Pézenas propose, en plus de ses bâtiments anciens et commerces classiques, des échoppes originales et un immense choix d’activités culturelles.Une renommée assise sur Molière
En 1947, lors d’une visite dans la ville, Pagnol s’exclama : « Jean Baptiste Poquelin est né à Paris, mais Molière est né à Pézenas ». Ce dernier était le protégé d’Armand de Bourbon, Prince de Conti et des Montmorency présents dans la ville et Gouverneurs du Languedoc. La légende dit que Molière se faisait faire la barbe chez Gély², place Gambetta, où le dramaturge aurait pris l’exemple de ses personnages. Il se serait toujours assis dans un même fauteuil pour se faire raser. Ce siège a été récupéré par l’association Les amis de Pézenas. Il est actuellement exposé au Musée de Vulliod Saint-Germain. C’est aussi chez le barbier que Molière se serait imprégné de locutions régionales et du patois local (devenu occitan de nos jours), ce même patois repris dans « Le médecin volant » et dans beaucoup d’autres pièces : « tout Pézenas a bist nostré mariatgé » (« tout Pézenas a vu notre mariage ») dit Lucette dans Monsieur de Pourceaugnac.
La liste est longue de ce qui est remarquable à Pézenas :
« L’Hôtel des Barons de Lacoste avec son magnifique escalier à vis, le chaleureux petit théâtre baroque, récemment réhabilité, dédié à l’opéra à l’origine, la collégiale Saint-Jean qui donne des concerts, l’Hôtel d’Alfonce. Il y a aussi la rue de la foire avec la fameuse Maison des Pauvres, les petites rues avec leurs échoppes, les balcons avec ferronneries et le parc Sans Souci où Michel Galabru a couru en enfant du pays. Et aussi les dix-huit niches contenant ou ayant contenu des statues religieuses partout dans la ville » conseille Nicole Cordesse, organisatrice de Rencontres Littéraires, piscenoise depuis 45 ans.
On peut également admirer la place Gambetta et le chemin Sur les pas de Molière situé sur le cours Jean-Jaurès, un lieu où les célébrités ont imprimé leur pied dans le sol, mais aussi et surtout, à la Saint-Blaise, qui marque le début du carnaval, le poulain – animal totémique de Pézenas – est de sortie. Il appartient depuis 2005 au Patrimoine oral et immatériel de l’Unesco.
De cafés en spectacles
Incontournable dans Pézenas, le Café des Arts est plein l’été. Chéri des intellectuels, c’est aussi l’endroit ou l’on se rencontre les jours de marché, sur le cours Jean-Jaurès, « avec le café Vacassy, qui appartenait à la famille de Madame Sempéré, épouse du Président de la Mirondella dels arts, l’organisme officiel gérant des spectacles de l’été dans la ville », explique Françoise Gandelin, scientifique parisienne qui a pris sa retraite ici parce qu’il fait beau. Françoise c’est aussi Pézenas enchantée, un café lyrique qui se tient le 4e dimanche de chaque mois à l’Illustre Théâtre. Depuis huit ans Françoise anime également le Festival d’Art Lyrique initié en 2007 par la cantatrice Sylvia Sass qui se déroulera du 8 au 23 octobre en 2016. Créatrice du site internet des Amis de Pézenas, elle l’alimente inlassablement avec concerts, rencontres littéraires, expos, etc. et elle envoie même un rappel aux adhérents pour que les parisiens gardent le contact avec les piscénois.
Commerces et culture du petit pâté
Toute l’année, n’importe quelle pâtisserie vend le fameux petit pâté de Pézenas qui a donné naissance à la Confrérie du même nom³. Ce minuscule gâteau cylindrique sucré-salé se déguste à l’apéritif. Quatrefages, au 3 de la rue Conti est le plus célèbre de ses fabricants. Et c’est à l’emplacement actuel de la pâtisserie Alary, rue St-Jean qu’il a été créé. Quant à la fameuse épicerie Crémerie Clerc, place de la République, on y trouve tout, ouverte toute l’année. L’été, il faut se promener chez les échoppiers qui sont ouverts les mercredis et vendredis soir tard et l’on peut déguster le vin du terroir le vendredi soir jusqu’à minuit sur le Cours Jean-Jaurès et les petites rues adjacentes.
Ici les touristes n’ont pourtant pas de grandes oreilles : ils ne vous mangeront pas comme le loup du conte de fées, parce qu’il fait vraiment doux vivre à Pézenas, ne serait-ce que l’espace d’une fin de semaine. La ville propose aussi, bien entendu, les délicieux vins du Faugérois à emporter dans sa voiture ou à boire sur place avec modération. Alors, conquis ?
Isabelle Brisson
Mid&SudOuest
¹Film de Philippe de Broca sorti en 1962 avec Jean-Paul Belmondo, Claudia Cardinale et Jean Rochefort.
²Se trouve actuellement l’Association Boby Lapointe, du nom d’un autre piscénois beaucoup plus contemporain que Molière, à l’origine du festival Printival, mettant en valeur la chanson française.
³La Confrérie du petit pâté de Pézenas, créée par les Amis de Pézenas .
À lire : Histoire de Pézenas par les rues et les places de Claude Alberge aux éditions de la Tour Gile. Pézenas, Une ville d’États d’Albert-Paul Alliès, chez Domens.
Des adresses pour un séjour
Ceux qui voudront admirer les beautés de la ville pendant plusieurs jours pourraient retenir une chambre dans des hôtels de charme tels que les maisons d’hôtes Villa Juliette et l’Hôtel de Vigniamont, aller dîner au Pré Saint-Jean, déjeuner à la Cour Pavée d’une énorme crêpe bretonne ou même chez Hana Sushi non loin de la Poste qui se trouve place du 14 juillet (ce tout petit restaurant sert un poisson ultra frais).
-Villa Juliette, Chemin de la Faissine, tél. 0467304625
–Hôtel de Vigniamont, 5, rue Massillon, tél. 0467351488
–Restaurant Pré Saint-Jean, 18, avenue Maréchal Leclerc, tél. 0467981531
–Restaurant La Cour Pavée, 46, rue Conti, tél. 0467907960
–Restaurant Hana Sushi, 1, rue Aristide Rouzière, tél. 0467373951