Chimamanda Ngozi Adichie, écrivaine nigériane, est convaincue que l’éducation est la clé pour créer un monde plus juste entre femmes et hommes. Une réflexion à découvrir dans son petit livre de 78 pages, très simple, instructif et plein de bon sens, Chère Ijeawele.
La tâche est immense
C’est en voulant répondre à une amie qui lui demandait comment donner une éducation féministe à sa petite-fille, que Chimamanda s’est aperçue qu’elle n’en savait rien, mais a décidé de prendre le problème à bras le corps. Avec deux outils, le premier : une conviction ferme et inébranlable, et le second : la certitude que le féminisme ne signifie pas la même chose pour chacune d’entre nous. Pour celles qui travaillent par choix, aimer son métier est un cadeau à faire à l’enfant parce que vous êtes une personne accomplie. Être une mère traditionnelle, en revanche, n’implique pas que vous deviez être capables de tout gérer et que vous êtes libre aussi de vous accorder le droit à l’échec.
« Je suis convaincue de l’urgence morale qu’il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants pour tenter de créer un monde plus juste à l’égard des femmes et des hommes. »
L’éducation à parts égales
Aux femmes de réfréner leur perfectionnisme, aux hommes de s’atteler aux tâches les plus humbles. À bannir aussi le mot « aide » dans votre vocabulaire : l’homme n’aide pas, il s’occupe de ses enfants, il fait ce qu’il est censé faire ! Et à oublier enfin les rôles de genre. « Savoir cuisiner n’est pas une compétence pré-installée dans le vagin » nous dit l’auteur et les couleurs, bleu ou rose, n’appartiennent pas à l’un ou l’autre sexe. Quant aux jouets, ils sont souvent actifs pour les garçons (trains, voitures) et passifs pour les filles (poupées ou déguisements). Et l’auteur de préférer que dans un magasin « les jouets soient rangés par catégories plutôt que par genre ».
« En refusant d’imposer le carcan des rôles de genre aux jeunes enfants, nous leur laissons la latitude pour se réaliser pleinement ».
Le conditionnement commence très tôt
Les parents enseignent aux filles comment se tenir, mais encouragent les garçons à explorer leur environnement. Pour Chimamanda, « le féminisme light doit être banni, et être féministe, c’est comme être enceinte, tu l’es ou tu l’es pas ». Elle nous suggère de questionner les mots car ils sont le réceptacle de nos préjugés. Et de ne plus dire à sa fille, « Tu es assez grande maintenant pour te trouver un mari », mais « tu es assez grande pour te trouver un boulot ». Et si une femme souhaite garder son nom, que rien ni personne ne l’en empêche.
Enfin, ne dites pas à votre fille qu’elle doit plaire, seule la bienveillance et la sincérité feront d’elle la femme que vous souhaitez qu’elle devienne. A lire absolument pour savoir, à votre tour, quoi répondre quand on vous demandera si vous êtes féministe !
Vicky Sommet
Chère Ijeawele, un manifeste pour une éducation féministe de Chimamanda Ngozi Adichie (Editions Galimard, 2017). Grand Prix de l’héroïne Madame Figaro.