Les mille vies d’Elizabeth Guyon

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Cours d’arts martiaux, Kung-Fu et Karaté, fan des films de Bruce Lee, Elizabeth obtient des médailles d’or et décide d’aller en Chine pour intégrer sa culture et sa langue jusqu’à devenir une star locale. Aujourd’hui, l’Iran est son nouveau terrain de découvertes et la photographie a remplacé la chanson.

La Chine, son premier amour

Née avec des cataractes, Elizabeth entend très bien pour compenser sa vue déficiente, avec des facilités pour apprendre des langues étrangères. Ce sera le chinois à l’université de Taïwan, bien qu’elle soit la seule langue du monde à ne pas avoir d’alphabet. De retour en France, Elizabeth prête serment en tant que traductrice-interprète, ouvre un cabinet de traductions, puis rebutée par les difficultés du métier, se met à écrire des poèmes chinois qui deviendront des paroles de chansons en musique. Un premier enregistrement est envoyé en Chine populaire et un autre à Taïwan. Une réponse lui parvient de Pékin pour participer à un programme de télévision, elle y habitera finalement plusieurs années.

Une star française au Pays du Milieu

Films ou feuilletons, elle, la blonde aux yeux bleus, ne s’interdit rien et participe à des tournages dans les campagnes où, comparée à une poupée Barbie, le public vient lui toucher les cheveux. « J’ai beaucoup écrit en chinois pour des chanteurs à la mode car en Chine la chanson est poétique et les miennes avaient ce petit plus, inspirées par la vie occidentale. Je vivais à ce moment-là avec Tao qui était un musicien reconnu mais qui supportait mal la propagande. En 2004, nous sommes partis, dénoncés par des voisins parce que je n’habitais pas dans les endroits luxueux réservés aux étrangers mais dans un quartier simple de la ville ». Ce sera avec les Jeux Olympiques de 2008 que les choses commenceront à bouger.

Un virage à 360 degrés

Suite à un accident de la route, Elizabeth se retrouve cérébrolésée. Pendant sa convalescence, elle entend parler des poètes soufis et de Rûmî qui prônait la religion de l’amour « Hier, j’étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd’hui, je suis sage et je me change moi-même ». Elle apprend le persan, part pour l’Iran et pendant huit séjours dans plusieurs régions du pays, s’attarde sur les regards persans très expressifs, des regards « perçants », en photographiant des Iraniens de 20 à 40 ans, des yeux bleus rares, des yeux verts plus fréquents, une mosaïque d’origines pour rendre compte de la diversité du pays. Elle expose ses clichés en France et à l’étranger, accompagnés de poèmes du 15ème siècle ou plus contemporains. La suite ? « J’ai choisi de photographier un bijou laissé par ma mère avec en fond la terre provençale et j’accompagnerai ces images de poèmes provençaux en chinois ».

La boucle est bouclée, Elizabeth revient à sa région d’origine, enrichie de tout ce qu’elle a glané au cours de ses voyages, comme pour rapprocher l’ici de l’ailleurs !

Vicky Sommet

« Regards Persans, l’âme d’une génération » d’Elizabeth Guyon-Spennato chez Orients Editions (octobre 2018)

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