La contribution des femmes dès le début du mouvement surréaliste dans les années 20 est longtemps restée inconnue. Depuis les années 80 avec les études de genre, les œuvres de ces artistes font pour la première fois l’objet de recherches, d’ouvrages critiques et de rétrospectives à l’échelle internationale.
Le début du commencement
Héroïnes de représentations diverses, telles que des saintes ou des sorcières, les femmes occupaient une place considérable dans l’imaginaire des surréalistes. Et pourtant le surréalisme étant l’un des thèmes de mes examens de français à l’université, je ne m’étais jamais penchée sur le genre de ces artistes et peut-être aurais-je vu alors qu’elles étaient peu nombreuses et avec une aura moins grande que celles des hommes. Celles qui avaient intégré le mouvement d’André Breton avaient d’autres ambitions que de servir de muse. Si certaines ont exposé avec leurs collègues des œuvres tout aussi originales, de Paris à Berne en passant par le sud de l’Angleterre, elles, Lee Miller, Leonor Fini, Leonora Carrington, Claude Cahun ou Meret Oppenheim n’ont pas bénéficié de la notoriété qu’elles auraient méritée.
Sources d’inspiration
Les artistes masculins surréalistes cherchaient une autre représentation de la femme en construisant un féminin imaginaire et érotisé. Max Ernst publie La femme 100/sans tête(s), la revue La Révolution surréaliste, des montages à partir de photographies de femmes hystériques et Hans Bellmer crée la série La Poupée, représentant une femme fantasmée. Les femmes surréalistes cherchaient une autre représentation d’elles-mêmes. Si les autoportraits sont peu fréquents chez les hommes, ils le sont chez les femmes comme ceux de Valentine Hugo, Frida Kahlo, Jacqueline Lamba, Alice Rahon, Remedios Varo, Bona, peints, photographiés ou présents dans des compositions imaginées sur différents supports.
Une juste reconnaissance
Ces œuvres ont commencé à intéresser comme dans la revue Obliques, le premier ouvrage qui recense en 1977 la production des femmes surréalistes tels les écrits de Mary Low publiés en 1979, trente ans après la guerre ou le Journal de Frida Kahlo publié en 1995, quarante ans après sa mort. Et c’est en 1997 que le colloque « La femme s’entête : la part du féminin dans le surréalisme » rassemblera vingt-cinq universitaires qui échangeront sur la production littéraire et artistique des artistes femmes liées au surréalisme international.
Des femmes à l’honneur
Parmi celles qui ont laissé leur empreinte : Leonora Carrington, peintre mexicaine, mais anglaise de naissance, qui fit la connaissance de Max Ernst et sera en conflit avec lui, Leonor Fini, née en Argentine mais élevée en Italie, qui, sans avoir officiellement rejoint les surréalistes, utilisait ce mode d’expression dans ses peintures érotiques et oniriques. Dorothea Tanning, artiste américaine, membre du groupe surréaliste de New-York et épouse d’Ernst pendant 30 ans. Elise Breton, la troisième femme d’André Breton, Dora Maar, ayant vécu avec Picasso ou Lee Miller, photographe et reporter américain.
Très souvent, ces femmes furent aux côtés des surréalistes dans la vie ou dans leur travail, mais leurs homologues masculins, sans les empêcher de créer, n’ont pas été leurs plus ardents défenseurs !
Vicky Sommet
LIRE
Whitney Chadwick, Les femmes dans le mouvement surréaliste aux éditions du Chêne.1988
Georgiana Colville, Scandaleusement d’elles. Trente-quatre femmes surréalistes aux éditons Jean-Miche Place. 1999
Renée Riese-Hubert, Magnifying Mirrors : Women, Surrealism and Partnership, University Nebraska Press, 1994
VOIR
Document d’ARTE « Le surréalisme au féminin »