Laurence des Cars, une présidente au Louvre, du jamais vu

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Historienne de l’art, spécialiste du XIXe et début du XXe siècle, Laurence des Cars va, à l’âge de 55 ans, prendre la direction du Musée du Louvre. C’est une première, aucune femme n’avait occupé ce poste au plus grand musée du monde, depuis sa création en 1793.

Un parcours exceptionnel

Conservatrice en peinture à Orsay avant d’en devenir la Présidente en 2017, elle a su faire entrer ce musée dans la modernité. Par ses préoccupations sociétales, elle a transformé la vision de l’art et atteint un tout nouveau public. Ses expositions répondent aux préoccupations contemporaines comme la place des femmes artistes avec l’exposition sur Berthe Morisot (2019), figure de l’impressionnisme aux côtés de Manet. Le lancement du Cercle des Femmes Mécènes des Musées d’Orsay et de l’Orangerie révèle sa préoccupation de mettre les femmes à l’honneur et de financer des projets qui leur sont dédiés. Avec l’exposition Le Modèle noir de Géricault à Matisse (2019) elle adopte une approche pluridisciplinaire et se penche sur des questions politiques (notre rapport à l’Afrique), raciales (l’esclavage) et esthétiques (représentation des figures noires dans l’art visuel). Avec 500 000 visiteurs en quatre mois, Laurence des Cars a réussi à faire entrer ce musée dans le monde au lieu d’en faire un temple de l’art comme il était conçu auparavant.

Ses deux grands défis au Musée du Louvre

Dix millions de visiteurs annuels, c’est le niveau d’accueil qu’il va falloir maintenir. Toutefois, il faudra faire face à l’accessibilité d’un public plus large que le public étranger, dans le contexte de désertion totale des touristes que nous connaissons actuellement. Le Louvre devra s’adresser à un public français, parisien, jeune et pour cela se positionner sur un registre sociétale comme cela a été fait au Musée d’Orsay, c’est-à-dire traiter de la diversité, de l’insertion, de l’environnement par exemple. L’autre grand problème sera celui des cessions. On attend du Louvre de se positionner sur ces questions très actuelles : restitutions d’œuvres pillées en Afrique et des biens spoliés aux juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Récemment, le seul Klimt des collections françaises¹ a quitté les collections d’Orsay pour être restitué aux ayants droit. Le Louvre devra répertorier ses œuvres, rechercher leur provenance, ce qui suppose ouverture des archives et recherches approfondies.

« Le musée peut s’ouvrir au monde d’aujourd’hui, tout en nous parlant du passé, en donnant une pertinence au présent par l’éclat du passé. Il a beaucoup à dire à la jeunesse. C’est une chambre d’écho de la société. », conclut Laurence des Cars.

Michèle Robach

¹Rosiers sous les arbres.

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