Qui, dans sa vie, n’a pas assis son postérieur sur le siège d’une R5 ou posé sa main sur sa boîte de vitesse ? Sortie des usines Renault de Flins en 1972, sa sympathique silhouette et ses couleurs flashy, orange et vert pomme, dégommait d’un coup de pare-chocs plastique la 4L. Coqueluche féminine (5,5 millions produites entre 1972 et 1995), cette petite maline déboula sans crier gare dans les embouteillages et sur tous les écrans publicitaires. Séduite par ses cinq portes et son hayon arrière ma mère y enfournait son plein de supermarché, ses quatre gosses plus un cocker. Sans chichi, ce fut la voiture parfaite à prêter à ses filles pour un réveillon même si trois mois après des effluves de crème anglaise rance renversée et de Royal Menthol s’échappaient de son habitacle. Plus tard, dans un cadre professionnel, la Super 5 VIP se gara dans un coin de ma mémoire : la caresse sur le cuir fauve du modèle TSE dédié à Philippe Noiret, l’élégance des dessous chics en whipcord de l’Automatic de Jane Birkin. Loin de la sportive Turbo ou de la chicissime TX, l’acquisition du modèle improbable Oasis -sans option- me sembla un jour idéal pour Marseille. Il séduisit aussi les revendeurs de pièces détachées : seule une cassette des Rita Mitsouko retrouvée gisante sur le châssis désossé prouva ma propriété. Dans les années 1990, la Clio puis la Twingo remisèrent définitivement le succès de ce modèle citadin au garage. Renault souhaite redonner une nouvelle chance à la carrière de la R5 en misant sur un modèle électrique pour 2024. L’étincelle, promesse d’une deuxième vie ?
Christine Fleurot