Beaucoup plus qu’une épreuve du bac, la philosophie devrait, comme l’éthique, être beaucoup plus enseignée, y compris sur les bancs des écoles vétérinaires. À la différence des chats, véritables philosophes de nature, stoïciens ou épicuriens selon leur humeur et les circonstances, les humains ont besoin d’en apprendre les bases. En lisant L’espérance, ou la traversée de l’impossible de Corine Pelluchon, on mesure pleinement pourquoi la philosophie fait partie des humanités, comme le grec et le latin, en aidant non seulement à réfléchir, mais tout simplement à vivre. Depuis longtemps la philosophe s’est fixée comme but de « poursuivre un travail philosophique de longue haleine et œuvrer à l’amélioration de la condition animale ». Elle est le porte-parole des sans voix, les animaux, dont elle défend inlassablement la cause. Et désormais en pleine incarnation. Car elle ose le parallèle audacieux, comme Matthieu Ricard l’avait évoqué dans Plaidoyer pour les animaux, entre la cause féminine et la cause animale. Son essai de 140 pages est une invitation à accepter notre vulnérabilité qui nous est commune avec celle des animaux et nous ouvre de facto à la compassion à leur égard.
« En traversant l’impossible de la souffrance animale, nous ne comprenons pas seulement que notre civilisation est violente ; nous faisons le lien entre toutes les dominations sans les confondre. »
Anne-Claire Gagnon
L’espérance, ou la traversée de l’impossible de Corine Pelluchon (Rivages, janvier 2023)