Paris accueille cette année les sportifs du monde entier pour les Jeux Olympiques et Para-Olympiques 2024. Mais notre capitale a été, depuis longtemps déjà, une capitale culturelle qui attirait les artistes de l’Europe toute entière. Si hier, les peintres faisaient leur Grand Tour* en Italie, où les Français allaient nourrir leur imagination, depuis c’est Paris qui les reçoit et deviendra souvent leur lieu de résidence et de création.
La notoriété de Paris
Paris attirait, grâce au prestige des ateliers de grands maîtres, des élèves de toutes nationalités, les Beaux-Arts et les académies privées faisant le reste, sans parler des Salons et des galeries qui défendaient les artistes d’avant-garde. Commençons par Pablo Picasso, né à Malaga, arrivé à Paris en 1901, qui, suite au suicide de son ami Casagernas, débutera sa période bleue en exprimant sa tristesse, avant de devenir un des fondateurs du cubisme avec Georges Braque. Ou Vincent van Gogh, né aux Pays-Bas, venu à Paris rejoindre son frère Théo en 1886, qui se consacrera à la peinture, ayant noué de nombreuses relations amicales, de Gauguin à Paul Signac, pour créer une œuvre où le naturalisme inspiré par l’impressionnisme et le pointillisme annonceront le fauvisme et l’expressionnisme.
Une ville inspirante
L’artiste chinois Zao Wou-ki, arrivé en France dans les années 50, est un peintre et graveur naturalisé français en 1964, rattaché à la nouvelle École de Paris puis à l’abstraction lyrique. Comme l’Américaine Joan Mitchell, récemment exposée à la Fondation Vuitton, à la fois peintre abstraite et expressionniste, qui viendra à Paris en 1955 pour rejoindre son compagnon le peintre québécois Jean-Paul Riopelle, avec lequel elle aura une relation tumultueuse où chacun s’inspirait de l’art de l’autre. Ou encore, le plasticien hongrois Victor Vasarely, chantre de l’art cinétique. Installé à Paris, il travaillera sur divers matériaux et reste gravé dans nos mémoires avec le logo de Renault ou la façade de l’ex-RTL, aujourd’hui exposée à la Fondation Vasarely d’Aix-en-Provence.
Toutes les disciplines ont droit de cité
Le sculpteur sénégalais Iba N’Diaye, formé à l’École des métiers d’art de Paris, est arrivé en 1948. Il fréquenta les ateliers de Montparnasse comme celui de Zadkine, inspiré par la tradition africaine pour ses sculptures et la mythologie wolof pour ses toiles. Ou le jeune chanteur anglais Benjamin Clementine, venu s’installer à Paris à 19 ans, où il a rencontré le succès en commençant par chanter dans le métro. Et l’écrivain péruvien prix Nobel, Mario Vargas Llosa qui s’installe à Paris en 1959 dans l’espoir de recevoir une bourse, mais sa demande est rejetée. Resté à Paris, il travaillera à l’école Berlitz, deviendra correcteur littéraire avant de se mettre à sa propre écriture. Il n’a jamais écrit en français, mais vient d’entrer à l’Académie française.
Il faut savoir que si certains sont venus à Paris, que ce soit pour apprendre leur métier ou rejoindre un mouvement artistique, d’autres ont fui un régime politique ou une société inhospitalière. Paris a toujours été un carrefour cosmopolite et ce déracinement s’est souvent traduit par la présence de la vie d’avant en arrière-plan dans leurs œuvres, la nostalgie et le souvenir les ayant nourris pour notre plus grand plaisir.
Vicky Sommet
*Au XVIIème siècle existait le Grand Tour à l’origine des échanges artistiques en Europe. Il consistait à voyager dans des foyers culturels en France, aux Pays-Bas ou en Allemagne, mais le pays de prédilection était l’Italie pour mettre de l’ordre dans l’héritage de la Renaissance italienne. Ce séjour à Rome était devenu un passage obligatoire pour la formation des artistes français et, à cet effet, Louis XIV avait créé en 1666 l’Académie de France à Rome.