Le cerveau des autistes fonctionne de manière atypique. Talents secrets, aptitudes qui tardent à être reconnues, incompréhension pour déceler leurs forces et leurs fragilités, on est face le plus souvent à des êtres exceptionnels, doués d’une intelligence différente et d’un altruisme difficile. La neurodoversité ne fait-elle pas la richesse d’une société ?
Des capacités sensorielles hors norme
Quels sont les points communs entre Sherlock Holmes, le Docteur Spock et Spiderman ? Des personnalités souvent maladroites, manquant de rationalité mais hyper expertes dans leur domaine. Ces personnages de fiction, peu habiles dans la communication sociale, se trouvent aussi dans nos sociétés. Exemples avec Glenn Gould et son talent de pianiste, Mark Zuckerberg, Vincent van Gogh ou Andy Warhol, ils sont tous hypersensibles, mémorisent les moindres détails, ont une pensée profonde et relèvent d’un spectre autistique pour les spécialistes.
« En dépit de mon idéal élevé de justice sociale, je n’ai jamais éprouvé le besoin de me rapprocher des autres humains et de leur société. »
Ces paroles d’Albert Einstein illustrent bien l’inquiétude de sa mère qui craignait que son bébé soit anormal dès la naissance. Il dénoncera plus tard l’inadéquation entre l’école et l’enfant et affirmera à la fin de sa vie « Inventer, c’est penser à côté ».
Les caméléons sociaux
D’un côté des difficultés à communiquer par peur, honte ou l’impression d’être jugé en permanence et de l’autre, ceux qui font semblant, compensent par leur grande intelligence et appliquent des stratégies alternatives. Un langage professoral très précoce, un manque de contacts humains, des jeux inhabituels, une maladresse motrice mais une mémoire exceptionnelle, ce sont certaines des caractéristiques des autistes. Comme la difficulté à verbaliser leurs émotions, ce qui induit souvent des agressions sexuelles quand ces personnes n’arrivent pas clairement à dire qu’elles ne sont pas consentantes. Surdoués, précoces, QI trop élevé, les intelligences sont multiples, aux thérapeutes de savoir les déceler chez un patient.
« L’espèce humaine sans autistes pourrait bien ne jamais avoir eu la possibilité de maîtriser la géométrie, l’astronomie, l’atome, Internet …. » David Gourion (psychiatre)
Le langage de la communication
Les pistes de thérapie sont nombreuses : un entrainement aux habiletés sociales, l’appropriation du temps et de l’espace, un environnement calme et un langage pragmatique avec contact visuel direct, un apprentissage pour décoder les mimiques faciales ou l’expression corporelle, savoir différencier l’ironie de la taquinerie ou acquérir l’art de la diplomatie, ces codes de la société sont plus difficiles à acquérir pour les autistes. Cette reconnaissance de la neurodiversité dans nos sociétés a intéressé nombre d’entreprises qui recrutent des personnes Asperger parce qu’elles sont méticuleuses dans leur travail, ont une pensée en réseau qui leur permet de trouver des solutions originales. Elles sont présentes dans l’ingénierie informatique, le son ou la traduction ou, comme en Israël, où l’armée emploie de jeunes autistes dans son unité d’élite pour leurs talents d’observation visuelle pour accroître des analyses d’images satellitaires.
« Pas comme les autres, plus que les autres ! », c’est le sous-titre de cet ouvrage qui fait l’éloge des intelligences atypiques.
Vicky Sommet
Éloge des intelligences atypiques –Séverine Leduc et Dr. David Gourion –
Éditions Odile Jacob