Faire de ses larmes un chemin d’étoiles

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Se réconcilier avec nos larmes, les laisser déborder, pour oser être consolée et demain consoler son prochain, voici les cadeaux qu’Anne-Dauphine Julliand, sur son chemin de deuils, nous offre avec tant d’humanité dans son livre, Consolation.

L’encre pudique des larmes

« Être mal à l’aise avec la souffrance est bon signe », dit-elle d’emblée quand elle parle. Anne-Dauphine Julliand sait que pour beaucoup elle est la maman qui a perdu ses deux filles. Elle sait aussi que, sur ce chemin de douleur et de souffrance, elle est devenue beaucoup plus. Elle a appris, en vivant avec sa souffrance qu’il faut rajouter un petit mot à cette phrase qu’on se dit face à des épreuves insurmontables, « je ne peux pas y arriver ». La vérité c’est que « seul, je ne peux pas y arriver ». Car pour apaiser la souffrance, il faut accepter d’être consolé.

« La consolation est une histoire d’amour écrite à l’encre des larmes. C’est la rencontre de deux cœurs : un cœur qui souffre et un cœur qui s’ouvre. »

Être en paix avec sa souffrance

Au fil des témoignages servis par un style magnifique, d’une précision et d’une limpidité qui touchent à l’universel, chacun.e peut se reconnaître dans celles et ceux qui souffrent, celles et ceux qui se détournent du collègue, du proche souffrant. Non, les souffrances ne passent pas, ce sont nous qui apprenons au mieux à cohabiter avec elles, parce qu’une infirmière, un ami, un proche s’assied à juste distance et dit tout simplement « je suis là ». Sans jugement, sans injonction, avec parfois cette question : de quoi as-tu besoin ? Qui ouvre les cuirasses des cœurs. J’ai été heureuse de trouver sous la plume d’Anne-Dauphine Julliand deux choses que j’ai apprises grâce à mon fils : on peut tous être l’Amma de l’autre, en ouvrant les bras. « L’étreinte est un mouvement qui vient du cœur et se prolonge jusqu’au bout des doigts. » Et surtout ne nous interdisons jamais de pleurer, car :

« Quoi de plus destructeur que les souffrances bâillonnées, celles qui ne pleurent qu’à l’intérieur et dans lesquelles tout espoir finit par se noyer. »

« Consolation » ne vous donnera pas de recette pour accueillir la souffrance de l’autre, endeuillé, foudroyé par une rupture, un licenciement, mais vous y trouverez l’inspiration pour avoir moins peur de la mort, de la souffrance et faire de vos larmes un chemin d’étoiles, une écharpe de paix. Lisez et offrez-le.

Anne-Claire Gagnon

LIRE Consolation d’Anne-Dauphine Julliand (Les Arènes, 2020).
À ÉCOUTER Interview France Inter 10 décembre 2020 – Conférence OCH du 27 octobre 2020.

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