Décliner le verbe aimer à tous les temps n’est pas facile, mais qu’est-ce que ça fait du bien d’être amoureux ! C’est la raison pour laquelle les scientifiques ont établi qu’aimer ou être aimé représente notre plus grand capital santé et une source d’énergie inépuisable si on sait l’accepter.
L’amour ou la peur
Voilà deux sentiments contradictoires, mais aussi une question qu’il faut se poser avant toute démarche. La peur est mauvaise conseillère, car elle affaiblit alors que l’amour renforce. Ne pas choisir la peur, c’est aussi refuser le statut de victime, car être amoureux n’est souvent pas un choix mais un sentiment qui vous tombe dessus, sans crier gare ! L’amour serait la sève de notre existence et pour Stéphanie Brillant « Quand vous êtes stressée, le nerf vague se met en off » (le nerf pneumo- gastrique est l’un des plus longs de notre corps qui innerve tous nos organes). « De son bon fonctionnement dépend notre faculté d’embrasser la vie. Mais s’il ne fait pas correctement son travail, on ne peut pas aimer. On passe à côté. »
L’amour donne des ailes
L’amour n’est pas compliqué, c’est l’être humain qui l’est. Privés d’amour, nous faisons de notre cœur un désert, lieu des pires souffrances. Quand il nous rend vivant, en nous insufflant l’énergie nécessaire, il nous fait grandir, accepter ce qui n’est pas aimable en nous et nous aide à nourrir la vie autour de nous. Et gagner en plénitude avec le sentiment que rien ne nous manque et que nous ne sommes plus étrangers à nous-mêmes. On peut choisir d’aimer plusieurs fois par jour et, selon des chercheurs américains, l’amour régule la fréquence du cœur. On constate une neurochimie de l’attachement qui augmente la production de vasopressine et d’ocytocine qui génère une confiance en soi et renforce notre intuition.
L’amour en ligne
Si hier, les lettres d’amour nous faisaient vibrer, les posts de selfies mettant en scène une relation amoureuse ont toutes les chances de la faire capoter. Celles qui sont inscrites sur des sites de rencontres avouent que leur niveau d’anxiété augmente. « Attendre d’être likée, ne pas recevoir de messages ou se faire ghoster entraine des réponses chimiques intenses que la vie quotidienne ne procure pas.» Ces utilisatrices souffriraient de symptômes d’anxiété sociale, elles ne font pas le premier pas mais vivent dans l’illusion, le cœur en surchauffe. Dans la vie réelle, on ne rencontre jamais trente amoureux potentiels par semaine (en ligne, cela se fait en une soirée), à tel point que des chercheurs réfléchissent à la mise au point d’une pilule anti-chagrin d’amour à prendre à chaque rupture ou pour celles qui vivent des situations de violences dans le couple et seraient ainsi aidées pour partir.
Et le désir dans tout ça ?
Il faut aussi le cultiver avant qu’il ne baisse d’intensité. Le philosophe Alexandre Lacroix pense que le temps de l’amour doit être un temps arraché au temps social. Faire l’amour ne fait jamais partie de la to do list et heureusement car cela autorise un moment créatif où on improvise et on y va au feeling. Mais pas d’obligations d’orgasme ou de performance, car le désir va se dissoudre jusqu’à devenir une corvée. Si, hier, les plus de 60 ans consultaient les sexologues pour des raisons de difficultés physiques, aujourd’hui la clientèle a évolué et ce sont les 25-35 ans qui parlent de partages mais plus de sexualité ou d’érotisme. Alors prendre rendez-vous pour faire l’amour, faire renaître le désir par les pornos ou les applications, les solutions existent mais l’essentiel, c’est d’en parler à son partenaire, dire ce qui ne va pas et surtout ce qu’on voudrait.
Tomber amoureux n’est donc pas compliqué, le rester est une autre paire de manches. Si l’amour rend aveugle, se regarder yeux dans les yeux, sans parler, s’envisager avec un regard doux et aimant, c’est transmettre une incroyable énergie d’amour, une onde qui passe en haute fréquence. Mais gare au sur-régime qui, lui, tétanise !
Vicky Sommet
« L’incroyable pouvoir de l’amour. Faites-vous pousser des ailes » de Stéphanie Brillant (éditions Actes Sud, octobre 2022).
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