La voix du vent        

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Sensibilité climatique ou croyance ancestrale, le vent a un impact sur nos vies, nos émotions et nos comportements. Le subir ou le redouter, l’apprécier ou le désirer, le vent agit sur nous en profondeur pour nous rafraîchir, nous aérer et nous réveiller. Quel est donc ce moi météorologique ?

Un peu d’air frais sur notre passé

D’abord le vent agit sur l’homme par simple contact sur la peau ou la membrane pulmonaire. Les liens entre l’air externe et interne se font naturellement par l’exhalaison, les rots et les « vents ». Force est alors de considérer que toute machine à ventiler est utile pour rafraîchir ou désodoriser, en simulant les effets du vent ou en l’utilisant dans les voiles comme les marins qui tracent leur route. La circulation de l’air a toujours eu un effet bénéfique : les arbres près des marais, l’éventail dans la vie quotidienne, les moulins à vent ou les cloches qui battent à toute volée. Autrefois, le vent était Dieu de par sa présence ou sa colère. Au 18ème siècle, Jean-Jacques Rousseau communiera avec la nature, suivi par Victor-Hugo fasciné par le vent, âmes sensibles ne plus s’abstenir !

L’air était à la mode

Les premiers ballons qui se sont élevés dans le ciel ont montré à la fois les progrès de la science et l’obsession de l’époque pour la ventilation. Les médecins voyaient d’un mauvais œil la stagnation de l’air dans les intérieurs pensant qu’elle transmettait les maladies et ce sera Pasteur qui démontrera que ce sont les microbes qui sont les seuls responsables. Pêche, cueillette ou chasse, il fallait tenir compte du vent. « Le sanglot des étendues, cette haleine des espaces, cette respiration de l’abîme » de Victor-Hugo nous montre bien qu’il est partout, foehn, autan, sirocco, simoun ou mistral, ils ont tous un rôle à jouer dans les cycles de la nature : incliner la végétation, éroder les falaises, attiser les incendies ou soulever les toitures, le vent est un baromètre domestique vivant.

La voix du vent

Le vent soupire, le vent gronde, le vent souffle, le vent murmure, qui n’a pas vécu un « coup de vent » ne connaît pas ses pouvoirs sur nos organismes. Pour John Muir, l’explorateur des vents, ils ne soufflent pas au hasard : « Les jeunes pins à sucre, plumeux et légers comme des queues d’écureuil, se courbaient presque jusqu‘à terre, tandis que les vieux patriarches dont le tronc massif avait déjà subi une centaine d’orages, ondulaient solennellement, leurs longues branches flottant avec aisance dans la rafale, tandis que chaque aiguille frémissait, résonnait et jetait des traits de lumière aussi vifs que les feux du diamant. »

Sans pouvoir l’anticiper, le vent autrefois mystérieux est aujourd’hui partie prenante de notre vie, même s’il se confond avec le souffle de la Création, il balaie tout sur son passage, obligeant l’homme à oublier, à apprivoiser cet élément, cette force de la nature, pour s’en protéger mais aussi pour l’accueillir avec le respect qui lui est dû.

Vicky Sommet

À LIRE pour resituer le vent dans l’Histoire : « La rafale et le zéphyr – Histoire des manières d’éprouver et de rêver le vent » d’Alain Corbin  (Éd. Fayard, avril 2021).

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