Lorsque j’ai découvert au printemps 2019 que Marie-Hélène Cossé était partie seule sur le Chemin et avait avalé les 1 568 km qui séparent Le Puy-en-Velay de Saint-Jacques-de-Compostelle, je n’en revenais pas ! Une amie m’avait présenté Marie-Hélène cinq ans plutôt. C’était à Paris et j’avais été impressionnée par cette grande femme, élégante, parisienne et par l’histoire de son magazine Mid&Plus créé un an plus tôt. Qu’est-ce qui pouvait pousser cette femme si occupée à partir seule dans une telle aventure ? click here to read this article in English
Que cherche-t-on sur le Camino ?
Marie-Hélène l’avait annoncé, à sa famille, ses amis, son boucher… Bref ! Tout le monde savait qu’elle partait pour St Jacques, ce qui rendait toute reculade absolument impossible. « Et pourtant, j’avais tellement peur de me perdre, de ne pas tenir physiquement, de ne pas y arriver. » Pourquoi partir seule ? D’une traite ? Sans une petite assistance pour faire porter son sac ? Moi qui pars tous les ans huit jours sur le chemin, je bénis La Malle Postale qui porte mon sac ! Que cherchait-elle en ce mois d’avril 2019 ? « Souvent, les gens qui partent sur le Chemin ne savent pas vraiment pourquoi ils le font » raconte-t-elle.
« Je ne sais pas ce que je cherchais, mais ce qui était certain c’est qu’il fallait que je le fasse. Au fond de moi-même, j’avais conscience que ce temps pour moi m’était nécessaire et qu’il devait être long. J’avais besoin de tout ce silence aussi. »
Renaître dans sa vérité
Que trouve-t-on alors quand on marche seule pendant plus de 70 jours, en vrai pèlerin, sans sa garde-robe et sa salle de bains ? « Au début, je ne trouvais pas grand-chose. Il m’a fallu 32 jours pour comprendre vraiment ce qui m’arrivait. C’est à Saint-Jean-de-Pied-de-Port que j’ai commencé à lâcher prise, à ne plus répondre au téléphone, à oublier ma famille, mes amis, mon webzine. Cela ne m’était jamais arrivé auparavant ! Ce que tu trouves sur le Chemin ? C’est une sorte de trésor que tu as au fond de toi. » C’est donc cela ! La Marie-Hélène qui est partie a mis dans son sac à dos de 8 kg, sa vie de petite-fille dans laquelle elle s’était beaucoup ennuyée, une carrière de femme dirigeante, ses maris, ses quatre enfants, Mid&Plus. Elle a porté tout ce petit monde puis s’est autorisée à le déposer sur le Chemin. Là, elle s’est retrouvée : simplement elle. Il faut donc tous ces jours de marche et de souffrance physique, de solitude, mais aussi de rencontres et de partages avec des inconnus qui marchent eux aussi pour renaître dans leur vérité.
Et pendant deux mois et demi, ce fut aussi la grande liberté : plus de réfrigérateur à remplir, de repas à préparer. Deux mois et demi de vacances et de légèreté à ne s’occuper que de soi. Un bon plan pour nous, Mesdames !
Que garde-t-on au retour ?
« Quand je suis arrivée à Compostelle, j’ai compris qu’en fait c’est là que tout commençait, puisque c’est la vraie Marie-Hélène qui était arrivée. J’étais devenue calme, super cool, j’avais lâché prise. » J’ai intégré, en écoutant Marie-Hélène, que la vie avait bien tenté par la suite de lui remettre ses costumes sur les épaules avant qu’elle ne saisisse que sa vie était sur le Chemin. Deux ans plus tard, le 3 mai 2021, Marie-Hélène a accueilli ses premiers pèlerins à la Maison Donamaria¹, une chambre d’hôtes qu’elle a achetée à Saint-Jean-de-Pied-de-Port (tiens, nous y revoilà !), après avoir tout quitté.
En parallèle, l’aventure Mid&Plus continue, qui fête son 7e anniversaire aujourd’hui, avec son coup de projecteur chaque jeudi sur des histoires vraies, des lieux authentiques et des concepts pleins de sens, partout où on peut avoir comme une envie de vérité. Un peu comme sur le Chemin, en fait…
Virginie Beuve-Méry
Médiatrice professionnelle
Une lectrice Mid&Plus
¹Maison Donamaria – page FB – compte Instagram maison_donamaria
LIRE 71 jours la tête dans les étoiles de Marie-Hélène Cossé, livre autoédité vendu au profit de l’association Le Filon qui se consacre aux femmes en situation de grande précarité.