Mon village au pied des cols : Saint Jean Pied de Port

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Devenu mon port d’attache au début de l’année, Saint Jean Pied de Port me ravit chaque jour un peu plus. Situé entre la côte basque et la frontière espagnole, point de départ de l’étape montagneuse mythique dite des Ports de Cize traversant les Pyrénées et menant à la collégiale de Roncevaux, je vous emmène à sa découverte. click here to read this article in English

Un peu d’histoire

Grande est la tentation pour ceux ou celles ne connaissant pas bien la région d’écrire Saint Jean Pied de Porc, comme l’animal, dans un pays en comptant beaucoup (dans région ils sont de race « pie noir »). Et pourtant ce n’est pas de ceux-là dont il s’agit, mais plutôt des Ports. La cité doit son nom¹ à sa situation géographique au pied des « ports » pyrénéens de Cize (de portus en latin qui veut dire cols² en français). Dans ce pays des hauteurs, au fil des siècles, la cité devient place-forte, ville-frontière et carrefour commercial entre la France et l’Espagne, tandis que les routes des « Ports de Cize » passent de chemin de transhumance, à voie romaine, itinéraire d’invasion, route militaire, chemin de pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle et aujourd’hui de randonnée.

En basque on dit Donibane Garazi. Don signifie saint, Iban est l’équivalent de Jean tandis que Garazi est le nom basque du pays de Cize (à noter qu’on dit souvent Garazi, aussi bien en basque qu’en français. Les habitants sont des Donibandar (ou Donibanegaraztar) et des Saint-Jeannais en français.

En route vers Santiago

La cité aux remparts est une étape renommée sur l’une des principales voies de pèlerinage³ vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Certains pèlerins y interrompent leur Chemin avant de reprendre l’année suivante vers l’Espagne, tandis que de nombreux autres le commencent ici, notamment les non-Européens : Américains, Australiens, Canadiens, Coréens, Néo-Zélandais, etc.. L’étape de 25 km jusqu’à la Collégiale de Roncevaux, empruntant en partie la Route Napoléon, effraie toujours un peu par son dénivelé (de 181 à 1 400 mètres), notamment sur les 9 premiers kilomètres, sans parler de la descente qui s’en suit, abrupte, vers l’Espagne. Mais munis de bâtons, de bonnes chaussures, d’un sac pas trop lourd et de beaucoup d’eau, c’est tout à fait faisable et beau à couper le souffle !

Depuis 1992, date de l’ouverture de l’Accueil pèlerins à Saint-Jean-Pied-de-Port, le nombre des marcheurs est passé de 3 000 à plus de 61 000 en 2019. Parmi les114 nationalités accueillies, figurent au top 10 les Français, Espagnols, Américains, Italiens, Coréens du Sud, Allemands, Britanniques, Australiens, Canadiens, Irlandais…

Haut lieu de randonnée

Classée Plus Beaux Villages de France, un grand nombre de visiteurs arpentent les rues et les remparts de la vieille ville de Pâques à la Toussaint. Typiques de l’architecture traditionnelle basque, les demeures arborent leurs façades blanches aux volets rouges (parfois verts) et s’ornent ici ou là de pans de bois ou de linteaux sculptés. Il fait rarement très froid ou très chaud ici, les hivers sont doux, mais vous imaginez bien l’origine des collines verdoyantes et des jardins luxuriants… La pluie n’est pas un évènement à Garazi et fait partie de la vie des Saint Jeannais.

L’Arradoy est une imposante colline qui domine la cité. Dès le 13e siècle, les bâtisseurs de la ville en extraient de superbes pierres de grès rose, légèrement violacé que l’on retrouve sur les murs de l’église Notre Dame du Bout du Pont, les remparts et de nombreuses maisons.

Les chemins de randonnée ici sont nombreux et tous plus spectaculaires les uns que les autres (notamment les fameux GR 10 et 65). Attention, ça grimpe ! Il existe aussi de nombreuses balades à faire à vélo, en moto ou en voiture : la vallée des Aldudes, la forêt d‘Iraty, la forêt d’Orion, etc. Sans oublier de vous arrêter à Espelette, Ainhoa, Cambo (où visiter la maison d’Edmond Rostand) en vous rendant vers Saint Jean de Luz, Biarritz ou Bayonne, toutes trois à une cinquantaine de kilomètres de distance du village.

Vous l’aurez compris, la Bretonne que je suis a définitivement adopté le village qui l’a chaleureusement accueillie au creux de l’hiver. Il ne me reste plus qu’à apprendre le Basque, indispensable lorsqu’on choisit de vivre à Garazi. Ce sera chose faite à la rentrée puisque je me suis inscrite aux cours… Ikus arte !

Marie-Hélène Cossé
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¹Saint Juan del Pie Portus en honneur à ses protecteurs successifs Saint Jean l’Évangéliste, puis Saint Jean Baptiste.
²
Les cols d’Arnostéguy (1.236 m), Bentarte (1.344 m), Leopeder (1.440 m) et Ibañeta (1.057 m) sont considérés comme passages faciles de la chaîne des Pyrénées. 
³La commune se trouve sur 3 chemins du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle confondus depuis Ostabat et se poursuivant vers Roncevaux puis, de là, à Santiago.

À voir : L’église Notre-Dame, le plus important édifice gothique en Pays basque français, la Porte Saint-Jacques classée au Patrimoine Mondial par l’UNESCO, la Porte d’Espagne, la citadelle et les fortifications, la prison dite « des Évêques ». Déambuler et faire du shopping : rue d’Espagne (jambon, fromage, vin local Irouléguy, petits cannelés, bérets, espadrilles faites à la main, nappes et serviettes basque), monter à la Citadelle et redescendre par le Chemin de Ronde.
Où dîner : Arrambide, Le Chat Perché, Le Relais de la Nive, le Café Ttipia
Où dormir : Hôtel Les Pyrénées, Hôtel Central, Maison d’hôtes Donamaria.

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