Partage des propos recueillis en direct sur la table de consultation lors d’une mammographie et revus par le radiologue lui-même avant publication, histoire d’être informées et de dédramatiser tout en mesurant surtout l’importance de le faire pour les Mids que nous sommes.
Faut-il la redouter ? Si les chiffres sont là et peuvent faire peur (une femme sur huit sera touchée par un cancer du sein dans sa vie), les gros progrès de l’imagerie associés à un examen clinique permettent de découvrir un grand nombre de petits cancers de façon précoce et augmentent le taux de guérison. Il faut donc ne pas hésiter et y aller !
Est-elle fiable ? Il y a trente ans, lire un cliché de mammographie tenait tout simplement du casse-tête parfait : peu de contraste, mélange à souhait des images de tissus conjonctifs, glandulaires, vasculaires, cutanés. Aujourd’hui la lecture de la mammographie est devenue simple et performante et nous permet de passer à côté de la catastrophe. Elle est devenue un examen complémentaire de dépistage fiable, un outil précieux, permettant de mettre en évidence le moindre défaut d’architecture, un minuscule foyer de micro-calcifications. Deux progrès fulgurants viennent de la révolutionner : la 3D (finis les plans complexes avec lecture difficile, on y voit encore plus clair) et la tomosynthèse (l’image est tellement disséquée et démontée, décrite plan par plan qu’elle améliore le confort de lecture en cas de doute et qu’il est même possible parfois de faire l’économie d’une biopsie, un stress inutile de moins pour nous…).
Quand la faire ? L’image n’est qu’une partie du diagnostic en pathologie mammaire. Elle est associée à l‘examen clinique : interrogatoire minutieux de la patiente, inspection et palpation. En fonction de la consultation, notre médecin traitant ou gynécologue doit décider quand nous devons passer notre première mammo (ce n’est pas forcément seulement aux 50 ans recommandés par le dépistage gratuit de la Sécurité Sociale…). Attention, le cancer du sein suit une courbe de Gauss : il double de volume ou de taille en 100 jours (3 mois !). Il est donc raisonnable d’envisager un bilan tous les 18 mois au maximum. Après 75 ans, l’examen clinique permet de savoir si une mammo est encore nécessaire ou non.
Peut-on la faire n’importe où ? Il convient de choisir avec soin l’endroit où l’on se rend car seul un bon appareil offre une belle image et seul un bon clinicien sait l’interpréter… Plus le cancer est observé tôt, plus nous avons de chance de nous en débarrasser et avec un traitement moins agressif (quelquefois même sans chimio…). La bonne nouvelle : 90 à 95% des cancers du sein de moins de 15mm sont guéris à 10 ans, même si la taille n’est malheureusement pas le seul facteur…
Connait-on les causes du cancer du sein ? Non, les causes qui le déterminent demeurent encore inconnues. Certaines circonstances ou habitudes de vie peuvent certes influencer le risque (règles avant 12 ans, ménopause après 55 ans, absence de grossesse, THS de longue durée, consommation d’alcool et de graisse animale), ainsi que les facteurs génétiques ou familiaux, mais on peut aussi répondre à toutes ces situations et ne jamais être malade ou au contraire ne correspondre à aucune de ces critères et être atteinte d’un cancer du sein.
Y a-t-il des sur-diagnostics ? Oui, il y en a eu et il y en a toujours, mais c’est au médecin traitant de faire bon usage des informations (et de ne pas se lancer dans des stratégies thérapeutiques excessives…).
Et nous, que pouvons-nous faire ? Notre rôle est important car un auto-examen des seins est conseillé à tout âge (et particulièrement aux Mids !) et même chez les femmes qui effectuent une mammographie régulièrement. Une anomalie (un nodule, un écoulement, une fossette dans le sein, une inflammation, un renfoncement de l’aréole, une éruption cutanée, etc.) doit immédiatement être signalée à notre médecin traitant ou à notre gynécologue.
Marie-Hélène Cossé
Petits conseils pratiques avant de se rendre à une mammographie :
– Prévoir un haut simple à retirer étant donné que vous devrez vous dévêtir jusqu’à la taille ;
– Éviter les bijoux autour du cou ;
– Éviter également déodorant, crèmes ou poudres car ces produits sont susceptibles de perturber les clichés ;
– Ne pas oublier d’apporter ses anciens clichés de mammographie.