Jacqueline Peker, 1m57 d’énergie pour une homéopathe dans l’âme

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« Au grand désespoir de mon père, je suis née femme le 1er juillet 1936, promise à devenir heureuse d’après la sage-femme qui m’avait mise au monde, aux Lilas, dans l’appartement familial. » La jolie petite-fille aux boucles blondes n’aura que cinq trop courtes années d’insouciance, avant qu’en juin 1941 son oncle soit arrêté, puis son grand-père qui, naïvement, voulu aller le chercher à la police, ce qui les conduisit tous deux à Drancy puis Auschwitz pour un aller simple. Où le père de Jacqueline les rejoignit début août.

L’école des animaux

La petite Jacqueline n’a pas compris, en cet été 41, la tristesse incroyable qui envahissait les deux femmes qui l’élevèrent alors, sa grand-mère et sa mère qui, pour lui épargner d’épingler une étoile sur son tablier d’école, décida de traverser la France pour confier sa fille à une femme à Vilars qui accepta tout.

« Elle a rangé toutes mes jolies affaires et dès le lendemain, j’avais mes sabots et le kit de la parfaite fermière. En 4 années j’ai tout appris sur les cochons, les vaches, l’herbe. Tout sauf une chose que je refusais de faire ni de voir : tuer les animaux, depuis qu’en 1942 mon cochon préféré, Léon, avait été assassiné sous mes yeux. C’est à ce moment précis que j’en ai voulu à tout le monde.»

En colère après la terre entière

Lorsqu’elle rentre à Paris, en octobre 45, elle ne décolère pas. Car à 9 ans, après 4 ans d’école buissonnière, bien que fermière experte, elle ne savait pas… écrire, et surtout elle était privée de ses animaux. Elle se rattrape vite, devient une excellente élève, reçue au Concours Général d’Histoire, puis fait Sciences expérimentales, sa mère estimant que la philosophie n’est pas un métier pour les filles… Après une période agitée, à fréquenter les loubards et les filles de joie, elle fera donc véto par dépit et intègre à Alfort une promotion de 95 garçons, où elle est l’une des 5 filles.

« Ce sera ma première grande famille. Je voulais être prof, mais c’était déjà un privilège d’être vétérinaire, il ne fallait pas demander la lune. Alors j’ai répondu à une petite annonce qui demandait un Aide Longue Durée dans le Cantal. Le 1,90 m et les 120 kgs qui m’ont vu arriver se sont arrachés les cheveux, mais j’ai fait ma première césarienne – pas payée, on m’a donné le veau, prénommé Jacqueline, qui a très bien vécu ! Mon mètre 57 s’est mal remis d’un accident malheureux qui m’a ramenée à Paris et fait changer de trajectoire professionnelle.»

Jacqueline Peker devient alors vétérinaire pour l’industrie du matériel chirurgical, grâce à une femme remarquable, Denise Simonet, fondatrice d’une entreprise qui innove chaque jour.

L’homéopathie, médecine universelle

En mars 73, elle rompt avec sa vie de cadre dynamique, globe-trotteur, pour ouvrir un cabinet et devenir la première vétérinaire homéopathe de France. Elle essuie les foudres du Conseil de l’Ordre, pour qui l’homéopathie n’est pas en odeur de sainteté, mais Madeleine Chapsal écrit un papier dans l’Express qui lance sa nouvelle carrière, tambour battant jusqu’en juin 2001, où elle raccroche tout. Mais porte toujours hautes les couleurs et la passion de l’homéopathie en étant Présidente des homéopathes, sans frontières entre les médecines.

Écrire c’est vivre et transmettre

« Au début de ma retraite, j’ai vécu le nez en l’air, à regarder, moi qui n’arrêtais jamais. Et je me suis pacsée avec l’informatique, avec qui j’ai vécu des nuits d’amour, sans jamais partager le même lit ! Jacqueline enseigne l’homéopathie au Brésil (dans un Institut qui porte son nom), elle bloggue, écrit des livres, publie ses poèmes, anime des émissions de radio et partage aujourd’hui sa passion de la musique avec Milord, fan d’opéras comme elle.

« Dans ma prochaine vie, je ne serai pas vétérinaire, je serai pianiste ! Pour jouer Ravel ! Remettre l’humanité au cœur de nos métiers : être vétérinaire c’est faire de la philosophie appliquée et pas qu’à dose homéopathique. »

Cette octogénaire pétillante continue inlassablement à transmettre aux jeunes ses connaissances en médecines naturelles, mais surtout son sens aigu de la liberté et cette petite flamme d’humanité si précieuse. Pour comprendre que la vie est belle et qu’elle nous appartient !

Anne-Claire Gagnon

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