Vanille et papille

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Un gâteau tout juste sorti du four, une glace l’été sur la plage, une crème ou un yaourt dans le garde-manger de grand-mère, des gousses et des petits sachets de sucre vanillé dans les placards ou même un thé au coin du feu… Ce mot sucré nous évoque un doux souvenir d’enfance.

Une longue histoire

Le fruit comestible de la famille des orchidées aromatisait déjà les plats et les boissons des Aztèques, mais Hernando Cortez, le conquistador du Mexique l’a découverte dans un chocolat. Au 16e siècle, la vanille arrive en Espagne et poursuit son chemin vers la France à la conquête de nos palais. Cette épice royale nécessite un travail manuel phénoménal : la pollinisation et la récolte s’effectuent à la main. Ces processus très longs expliquent le coût de la vanille juste derrière le safran. La vanille Bourbon doit son nom à l’ile de la Réunion, la vanille mexicaine, à la saveur intense, prétend être la « vraie « vanille puisque le Mexique est le pays d’origine, et la vanille de Tahiti dite « la reine de la vanille » avec son arôme plus fort et son parfum unique revendique aussi la première place. Elles excellent toutes à adoucir les plats trop épicés et à rehausser les plats les plus fades. La plus inattendue des recettes pourrait être la crème de chou-fleur vanillée, l’utilisation culinaire de cette reine des épices est sans limite.

Vanille et parfum

Après avoir été utilisée pour ses vertus médicinales il y a très longtemps, à la fin du 19e siècle les parfumeurs s’intéressent à la vanille et sa note sucrée et gourmande ne tarde pas à séduire les femmes. On ne peut pas  éluder Jicky l’iconique parfum d’Aimé Guerlain pour lequel il a utilisé une molécule ensorcelante, la vanilline. Ce sera le premier d’une longue liste puisque se livrer à une « guerlinade » signifie inclure de la vanille dans un parfum. On peut citer Chamade, Shalimar, Habit Rouge. Fidèle à son rôle modérateur, elle adoucit les fragrances entêtantes telles que les fougères, les chyprés ou les orientaux et leur apporte légèreté. À la fin du 19e siècle où les parfums orientaux dominent la création, la vanille leur confère exotisme et gourmandise à l’image d’Angel de Thierry Mugler. Shampoings, gels douche, savons…

La vanille est partout ! Mais ne nous y trompons pas, si elle est très utilisée, elle est aussi très copiée. La vanilline est la molécule la plus importante qui constitue la vanille et les molécules synthétisées ont été réalisées dans les années 1920. Le prix extrêmement élevé de la vanille a malheureusement conduit les industriels et les parfumeurs à opter pour cette alternative. Enfin l’autre molécule de synthèse, l’éthyl vanilline est de plus en plus employée pour sa puissance et son faible coût…

Vanille et sexe

Si elle est perçue comme sensuelle, mystérieuse, sauvage, espiègle et aphrodisiaque par les « nez », la vanille a très mauvaise réputation au lit ! Saviez-vous que le « sexe vanille » est l’opposé du sexe torride et du « quick sex » ? C’est le sexe « pépère », classique et sans étonnement. Dans la communauté gay des années 70, la vanille est synonyme de sexualité conventionnelle. D’où vient ce qualificatif à la résonance péjorative ? Du fait que la vanille s’est tellement popularisée dans la cuisine qu’elle en est devenue classique, voire banale et par extension on qualifie les gens ennuyeux de vanille… Et pourtant, le « sexe vanille » n’est pas un sexe médiocre, il peut être spectaculaire s’il est intime, tendre et laisse place aux émotions. À l’image de l’épice qui requiert de longs mois d’attention et nécessite d’être choyée pour exhaler un arôme absolu, il faut peut-être faire preuve de patience et de douceur pour atteindre le summum de plaisir. Un câlin doux, c’est profusément vanille !

Brigitte Leprince

L’Eau de cassis, collection de parfums vanille (7 déclinaisons au choix)

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