Alice Milliat, pionnière du sport féminin

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Pionnière du sport féminin, sportive accomplie, Alice Milliat, née en 1884 à Nantes et décédée en 1957, est reconnue comme l’une des plus grandes militantes du combat pour la reconnaissance du sport féminin au niveau international. Tombée dans l’oubli, elle est reconnue aujourd’hui avec la création en 2016 de la Fondation Alice Milliat dont l’objectif est la « médiatisation et la promotion du sport au féminin ».

Une sportive accomplie et engagée

C’est en arrivant à Londres où elle s’installe comme préceptrice qu’elle découvre l’aviron qui deviendra son domaine de prédilection, mais également le hockey, la natation et le football. C’est aussi à Londres qu’elle rencontre son mari, Joseph Milliat, qui malheureusement meurt quatre ans plus tard. Puis survient le décès de sa mère. Alice Milliat revient à Paris après vingt ans de vie londonienne. Elle continue l’aviron, rejoint le Fémina Sport dont elle deviendra la Présidente en 1915. Convaincue des bienfaits du sport pour les femmes, elle se bat pour la reconnaissance du sport féminin.

« Le sport est aussi indispensable à la jeune fille moderne que toute autre matière enseignée à l’école. Le sport développe la personnalité, donne de l’assurance et du cran, crée un esprit ‘débrouillard’. Ne sont-ce pas là des qualités que doit posséder sur le bout du doigt la jeune fille qui veut réussir dans la vie en 1927 ? »

Son combat pour l’entrée des femmes aux Jeux

En 1896, lors des premiers Jeux, Pierre de Coubertin déclarait « Les jeux olympiques doivent être réservés aux hommes (…) une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte (…) aux jeux olympiques devrait être surtout, comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs. » Alice Milliat décide alors de mener le combat et de lui tenir tête. En 1919, elle demande au Comité international olympique (CIO) d’intégrer, pour les JO de 1920, des épreuves féminines d’athlétisme. Mais le CIO refuse. Sa réponse ne se fait pas attendre :  « Malgré nos sollicitations pressantes et réitérées, le Comité olympique a toujours refusé d’adjoindre l’athlétisme féminin aux Jeux olympiques. […] Nous allons prouver que nous sommes capables de conduire nous-mêmes nos destinées. »

Dans ce contexte hostile, elle se désolidarise du CIO et décide d’avoir ses propres JO sous l’appellation Jeux Mondiaux qui se tiendront à Paris en 1922. Cinq formations composées de 77 sportives venues de France, mais aussi de Grande-Bretagne, des États-Unis, de Suisse, s’affrontent dans des compétitions d’athlétisme en présence d’un nombreux public.

C’est un succès, mais le CIO n’admet toujours pas cette initiative. En réaction, la fédération sportive internationale, chargée de régir les fédérations nationales d’athlétisme et d’organiser les compétitions internationales mondiales (IAAF), crée une section pour des épreuves d’athlétisme féminines. Ce qui n’est pas du goût de Pierre Coubertin. À ses yeux, la participation de femmes à cette épreuve reine qu’est l’athlétisme « constitue un affront majeur à la grandeur et à la pureté originelle de cette compétition. » En réaction à la décision de l’IAAF,  Alice Milliat organise les Jeux mondiaux féminins à Prague en 1930 puis à Londres en 1934. Mais l’IAAF tente de reprendre à son compte l’athlétisme féminin. Des scissions interviennent alors entre les différentes composantes.

Désabusée, Alice Milliat quitte ses fonctions et se retire du milieu du sport en 1935. Décédée en 1957, elle est inhumée au cimetière Saint Jacques à Nantes dans une sépulture sans nom afin de  respecter ses dernières volontés. Son nom tombe ensuite dans l’oubli. Il faudra attendre 2016, la création de la fondation à son nom, pour que sa mémoire et son travail pour la participation des femmes aux Jeux Olympiques soient enfin salués.

Florence Desgranges de Lagune

Fondation Alice Milliat
ÉCOUTER Les IncorrectesComment Alice Milliat a imposé les femmes aux JO
LIRE Alice Milliat, les 20 ans qui ont fondé le sport féminin français de Stéphane Gachet (Geste éditions, Compagnie du livre, 2019).

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