À la fin de l’année 2020, Hamida Aman, une entrepreneuse des médias afghans mobilise son réseau et fonde une ONG, la Begum Organization for Women (BOW). C’est une Française dont la famille a fui l’Afghanistan qui est derrière cette aventure, la priorité étant l’accès à l’éducation pour les femmes.
Pour et avec les femmes
Le 8 mars 2021, donc trois mois plus tard, lors de la Journée qui célèbre les droits des femmes dans le monde, Radio Begum commençait à émettre et, aujourd’hui, cette radio 100% féminine (la station est dirigée par une jeune femme de 24 ans, Saba Chaman, avec une équipe de 10 femmes) est la voix des femmes afghanes, le seul media à offrir une éducation gratuite et accessible pour toutes. Six matières sont proposées actuellement, le matin en dari, l’après-midi en pachto, les deux langues du pays utilisées pour toucher le public le plus large. Radio Begum émet dans sept provinces du pays et, si l’antenne continue son travail, c’est bien parce que la direction a reçu l’accord des talibans. Sans cette protection, rien ne serait possible dans l’Émirat Islamique d’Afghanistan où les voix sont soit contrôlées, soit réduites au silence. Les responsables de la radio espèrent bien conserver cette liberté le plus longtemps possible.
Le soutien des Colombiennes
Les habitantes de Colombes soutiennent cette initiative. Elles ont été reçues par Isabelle Rome, la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, comme elles sont déjà par le passé venues en aide à une association de femmes afghanes en créant un calendrier fin 2021. C’est une radio moderne et innovante pour le pays, avec des podcasts dédiés à la santé et aux questions de psychologie animés par des spécialistes interrogés par la journaliste médicale de la station et aussi une fiction dramatique intitulée « We believe in tomorrow » (traduction : nous croyons à l’avenir) où en dix épisodes deux groupes d’étudiants en journalisme, garçons et filles, s’interrogent et échangent sur leur futur, en langue locale bien entendu.
Ces mouvements se sont amplifiés avec le slogan « Femme, vie, liberté » brandi haut et fort en Iran et répercuté partout ailleurs dans le monde depuis le décès d’une jeune Iranienne, Mahsa Amini, à la suite de son arrestation pour port non conforme du voile. La réponse est un soulèvement populaire avec des arrestations et des manifestations au mépris des autorités. Si des voix d’anonymes s’élèvent, d’autres plus connues le font aussi, comme celle de l’actrice iranienne réfugiée en France, Golshifteh Farahani, qui clame haut et fort ce que les femmes restées au pays pensent tout bas, en essayant d’alerter les femmes d’ailleurs.
« Hors du pays, nous sommes l’autre aile de l’avion de la révolte. » Golshifteh Farahani
Quand manifester reste le seul moyen de se faire entendre, de résister à des privations de droits, les femmes, et les hommes aussi, se rejoignent pour dire non, la jeunesse aura, nous l’espérons, le dernier mot car elle sait qu’elle construit son avenir avec en point de mire la liberté pour elles et pour eux !
Vicky Sommet
Radio Begum
Pour faire entendre leur voix : https://www.helloasso.com/associations/bow-radio-begum
Pour écouter leurs voix : Caroline Gillet, série de podcasts Inside Kaboul sur France Inter et bientôt en série animée sur France Télévisions.