Reines, régentes, femmes du monde ou matrones, les mères ont eu de tout temps une influence bénéfique ou nocive sur leurs fils jusqu’à parfois outrepasser leur devoir et transformer leur amour en pouvoir, alors que leur seul rôle était de guider leur enfant vers son destin d’adulte.
Haine ou passion, les sentiments tièdes n’existent pas
Dans la famille de Néron, je choisis la mère ! Agrippine est une femme encombrante, violente et ambitieuse, en opposition constante avec son fils Néron dépositaire d’une lourde hérédité familiale où le crime est omniprésent. « Qu’il me tue, pourvu qu’il règne » dira cette maman visionnaire : il essaya de la tuer, elle échappa au guet-apens, il termina le travail et la fit assassiner. Ainsi s’acheva dans le sang l’ambition d’une mère qui fit de son fils un tyran de l’Histoire. Comme Louise de Savoie qui a fait de son François, un « César », qui est encore aujourd’hui connu de chaque écolier français, rappelez-vous 1515, François 1er à Marignan ! Conseillère du Roi, régente pendant les campagnes italiennes, initiatrice de la signature de la « Paix des Dames » avec Charles-Quint, elle meurt de la peste et fut pleurée comme un enfant par ce grand roi qui ne pourra assister aux funérailles, prêt à s’évanouir de chagrin.
Les mères aimantes
Elle, c’est Anne d’Autriche, lui, le surintendant de l’éducation des enfants royaux, le cardinal Mazarin. Ils verront passer les jeunes filles de la cour, les héritières des trônes voisins, les maîtresses favorites, alors pour ne pas leur déplaire, Louis XIV se laisse marier. Jusqu’à ce que son amante préférée lui assène un « Vous pleurez mais vous êtes le maître ! » tout en partant pour l’exil. Madame mère consola son grand garçon avec ces mots « Le roi me fait pitié, mais je viens de lui dire que je suis assurée qu’un jour il me remerciera du mal que je lui fais … ». Ou Marie-Antoinette qui, sans avoir été la meilleure des mères, a aimé ses enfants mais n’était pas fière du dauphin, un enfant malingre qui mourra en 1789 alors que son second fils de 7 ans, le louveteau de la louve, sera séparé d’elle pour recevoir une « éducation républicaine ». La douleur fut encore plus forte quand le tribunal évoqua les pollutions nocturnes du fils Capet, Louis-Charles et fit de la reine, une mère incestueuse, « un monstre femelle », « une archi-tigresse ». Le roitelet abandonné mourra en enfant martyr en prison.
La longue liste des Madame Mère
Letizia sera mère de 14 enfants dont le jeune Bonaparte promis à une grande destinée. Le temps des honneurs venu, elle recevra le titre de « Son Altesse impériale Madame Mère » et lorsque la déchéance viendra, elle s’embarquera pour l’ile d’Elbe mais il mourra avant elle. « J’ai donné Napoléon à la France et au monde » écrira-t-elle à l’Angleterre mais elle n’eut aucune réponse pour recevoir les cendres de son fils ! Tandis qu’un Alphonse de Lamartine dira « Les grandes mères font de grands fils », qu’un Joseph Staline devra à sa mère l’amour des études, que Winston Churchill connut l’amour maternel… d’une nurse et que Jean-Paul Sartre fut l’enfant-roi dans sa famille.
Le sentiment maternel a évolué au cours des siècles et le cordon ombilical, coupé ou pas, a souvent conduit les grands hommes à exercer de brillantes carrières… Grâce ou à cause de leurs mères !
Vicky Sommet
Les grands hommes et leur mère de Sabine Melchior-Bonnet (Éditions Odile Jacob, €24,90).