En 70 ans de carrière, Pierre Cardin a révolutionné le monde de la mode, la Haute couture, le prêt-à-porter, mais aussi le design aux quatre coins du monde. Le couturier visionnaire aux 3 dés d’or, l’homme d’affaires intraitable, l’aventurier novateur, l’inventeur de style, vient de tirer sa révérence à l’âge de 98 ans.
Il invente un style
Entré chez Paquin en 1945, Pierre Cardin, après un bref passage chez Schiapparelli, commence sa carrière chez Christian Dior et participe à la naissance du New-Look. En 1950, il ouvre sa propre maison de couture : à l’instar de Paco Rabanne ou André Courrèges, les créations avant-gardistes de Pierre Cardin vont bousculer les années 60. Novateur par ses formes, moderne par ses matières, le style Cardin est futuriste.
« J’ai été un contestataire, un provocateur, un aventurier. Christian Dior voulait faire des robes que sa mère aurait aimé porter, moi je voulais explorer de nouvelles voies, celles de l’espace, de la science, de l’infini. »
Cardin dé-codifie et déstructure le vêtement, redonnant du pep’s à la création. Il prend des risques et les assume. Il raisonne en terme de rondeurs, de sphère : Ses « robes bulles » lancées en 1954 sont un triomphe mondial. Le couturier démocratise la Haute couture avec des collections de prêt-à-porter féminin et masculin. Il invente un style. C’est un véritable scandale à la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne lorsqu’en 1959 il réussit à faire rentrer sa nouvelle ligne de prêt-à-porter féminin dans un grand magasin Parisien (Le Printemps). En 1963, il crée les costumes de scène des Beatles dont l’iconique veste sans col. On lui doit aussi la mode unisexe, le costume Mao, l’utilisation du vinyle, les imprimés fantaisistes et les couleurs provocantes.
« Je voulais créer des vêtements qui habillent aussi bien la duchesse de Windsor que ma concierge car je voyais la mort de la haute couture se profiler. »
Le Bâtisseur
Comme un architecte, Pierre Cardin est le maître d’œuvre de son empire. Ses défilés, éminemment spectaculaires et audacieux lui confèrent une notoriété planétaire. Le choix des lieux, mais aussi la diversité de ses mannequins non conventionnels, ont des implications culturelles fortes. Il dira que la mode permet de franchir les frontières.Très inspiré par le Japon où il se rend dès 1957, il en reviendra accompagné de son mannequin fétiche, Hiroko Matsumoto. En 1978, Pierre Cardin effectue son premier voyage en Chine, début d’une collaboration de 40 années consacrée par ce défilé aussi étonnant qu’exceptionnel, en 2018, sur la Grande Muraille
Sous formes de centaines de licences, sa marque Pierre Cardin est présente dans le monde entier. Son célèbre logo PC est apposé sur pléthore de produits. Devenu milliardaire, il s’offre le prestigieux restaurant de la rue Royale, Maxim’s, dont le nom est pour lui synonyme d’élégance à la française, de glamour. Épris de culture, mécène d’artistes, il rachète en 1971 le théâtre des Ambassadeurs à Paris qu’il rebaptise Espace Pierre Cardin.
Avant-gardiste, mais surtout libre dans son métier et dans son travail, Pierre Cardin avait une forme de fantaisie, de folie et de confiance mais surtout une vision. Il voulait être un artiste. Il voyait grand et loin. Dans les années 60, il y avait tout à faire, tout à inventer pour celui qui osait. L’époque d’aujourd’hui est plus lisse, plus monotone. L’empreinte que laisse Pierre Cardin restera longtemps un modèle pour les jeunes créateurs : on ne peut que leur souhaiter d’être aussi inventifs !
Pia Bielle & Véronique de Labarre
Deux passionnées de style issues du milieu de la mode
