Depuis trois générations, dans la famille d’Amandine Cha, de mère en fille, on se transmet le sens du fil, l’amour des tissus et le goût de la confection qui rime avec perfection.
Des étoffes en quête de sens
Élevée par sa grand-mère couturière dans l’amour des belles étoffes « elle ne supportait pas le synthétique, qui pour elle n’était pas du tissu », Amandine Cha a pourtant démarré sa carrière dans les arts plastiques et la recherche en sciences de l’art spécialité esthétique/philosophie, en étant professeure d’université. C’est au moment de la naissance de son premier enfant qu’elle s’est remise à la couture et en quête de tissus écologiques, doux -sur et pour la peau- donc aussi doux pour la santé. Rompue à la recherche universitaire, elle découvre les process de fabrication des tissus, qui est pour elle une véritable révélation. Car elle fait vite le triste constat qu’il n’y avait que deux sortes de tissus, des très désirables mais écologiquement, sanitairement et socialement inacceptables, ou des très écolo, très respectueux de la santé et des salariés qui les produisent mais de couleurs et designs bien tristes. « Tout ce qui existait alors en tissus bio était triste, moche et fade. »
Une démarche courageuse et innovante
Amandine Cha part alors en quête des survivants de la filière textile française, qui avaient subi de plein fouet le choc de la délocalisation des années 90. Elle trouve beaucoup de portes fermées à sa démarche pionnière de mise en place d’une filière éco-responsable. « J’avais une super idée pour un marché qui n’existait pas encore ! » Mais c’était compter sans sa détermination et sa bonne étoile, en la personne d’Éric Boël, partenaire qui lui laisse carte blanche pour organiser cette filière qui vit aujourd’hui depuis 10 ans. De son expérience universitaire, Amandine a gardé la démarche scientifique, carrée, documentée et elle est très fière d’avoir dans son entreprise un département recherche & développement, avec une démarche qualité qui innove en permanence.
Des étoffes respectueuses de toutes et tous
Désormais elle est capable – et actuellement elle est la seule au monde – d’imprimer numériquement sur ses tissus bio, en démarche GOTS¹. Contrairement à la majorité des tissus de confection actuels, renfermant perturbateurs endocriniens et autres poisons, ses popeline, batiste, chambray ou crêpe 100% coton, certifiés GOTS, sont respectueux de notre santé, des salariés qui les produisent et de la nature. Elle a d’ailleurs fait homologuer par la DGA des tissus bio pour des masques² et alerte sur les risques que l’on prend à confier son nez (ses voies respiratoires et ses poumons) à des tissus produits n’importe où et n’importe comment, comme par exemple des tissus ignifugés. Fantaisie des couleurs et dessins, Cherry on the cake, c’est elle qui dessine les nouveaux motifs floraux, abstraits ou de bordures qui font le bonheur des couturières professionnelles, des confectionneurs et des grands ateliers qu’elle compte parmi ses clients. Elle a même poussé la démarche qualité au point de produire des fils bio.
Amandine Cha défend les couturières, ce beau métier si peu valorisé et qui n’est pas qu’un loisir de dames patronnesses. Derrière une poignée de grands couturiers surmédiatisés il y a une armée de petites mains qui veulent survivre ! Et dont elle est une fervente et innovante ambassadrice.
Anne-Claire Gagnon
¹Global Organic Textile Standards
²Amandine Cha