Située au 224 rue de Rivoli, au cœur du 1er arrondissement, le long du jardin des Tuileries entre la Concorde et le Louvre, la librairie Galignani est une fenêtre sur le monde de l’art et de la culture. Sa directrice, Danielle Cillien-Sabatier, est l’âme de ce lieu unique et riche d’engagements.
Les Galignani, éditeurs et bibliophiles depuis le 16ème siècle
Héritier d’une longue lignée de bibliophiles italiens¹, Giovanni Antonio Galignani fuit Venise en déroute pour Londres, puis s’installe à Paris avec son épouse anglaise et ouvre en 1801 un cabinet de lecture rue Vivienne. Lieu de sociabilité à la manière des salons culturels, une clientèle cosmopolite s’y retrouve pour lire entre autres le « Galignani Messenger »², « feuille bénie de tous les anglais qui voyagent loin de leur sol natal »³, ce qui leur confèrera une image de marque prestigieuse dans toute l’Europe. Fréquentée par de nombreux écrivains4 et critiques d’art5, l’entreprise déménage au 224 rue de Rivoli en 1856 et, l’environnement économique ayant changé, recentre son activité sur le commerce du livre. Elle y est depuis, la plus ancienne librairie franco-anglaise du continent européen, ouverte aux visiteurs de Paris et d’ailleurs.
Les Galignani continuent de veiller jalousement aux destinées de l’entreprise familiale.
La préservation de cet héritage
C’est à Danielle Cillien Sabatier, professionnelle du monde de la culture, qu’il incombe désormais de faire vivre « l’expérience Galignani ». Arrivée à la tête de cette librairie en 2009, elle a su donner, par son implication forte, une nouvelle jeunesse à ce lieu prestigieux. Son défi : répondre aux attentes d’une clientèle en constante augmentation, plus hétérogène et de provenance variée, mais également à un accroissement général de l’offre de livres. Il fallait une personnalité mais aussi une équipe initiatrice et gérante, porteuse d’un véritable projet. Dix libraires6 chevronnés assurent non seulement l’accueil, mais aussi et surtout le conseil et la recherche bibliographique pour des clients en quête de sens.
Une librairie d’esthètes
Chez Galignani, on ne se contente pas de présenter les dernières nouveautés, on expose des pépites (livres d’art, ouvrages pointus voire confidentiels), on s’efforce de créer un lieu avec une atmosphère singulière. Les superbes boiseries y contribuent, de même les expositions temporaires ou les vitrines qui sont ré-enchantées tous les quinze jours selon un planning très rigoureux. On entre chez Galignani pour flâner, feuilleter les livres, quitte à se laisser tenter car on encourage ici le plaisir physique de manipuler l’objet-livre. On se trouve dans un lieu de déambulation, de tentation et de découverte. On musarde, on explore, on y trouve ce qu’on ne cherche pas. Il arrive également qu’on ne trouve pas ce qu’on cherche mais on se laisse tenter. Des animations sous forme de rencontres d’auteurs et d’évènements culturels attirent des fidèles attachés aux livres et au monde du livre.
Danielle Cillien Sabatier s’assume avec allure, comme une gourmande de la pensée. Chez Galignani, la culture est vivante et elle se porte bien !
Michèle Robach
¹Dès 1520, une certaine Simone Galignani publie à Venise une grammaire latine (le plus ancien « Galignani » que nous connaissions).
² Ce quotidien de langue anglaise a été créé en 1814 et a existé pendant un siècle. La collection a été donnée à la BNF.
³ W.M Thackeray, La foire aux vanités.
4Stendhal : « Arrivé à l’été de 1822, j’avais deux plaisirs fort innocents : bavarder après déjeuner, aller lire les journaux dans le jardin de Galignani. »
5Huysmans y fait allusion dans son livre « À rebours ».
6Au total, Galignani emploie 16 personnes.