Voix de Simone Veil pour l’audio-livre d’Une Vie, celle de Camille Claudel au Musée Rodin ou encore celle d’un spot Rexona ou d’une pub Chanel, on a tous un peu de Marie-Dominique Bayle au creux de notre oreille.
« J’avais terminé le Conservatoire d’art dramatique de Lyon, j’ai d’abord joué un peu au théâtre et quand l’antenne régionale de FIP s’est montée, j’ai passé une audition pour intégrer l’équipe de FIL, France Inter Lyon, et ma carrière a pris une autre direction ». C’est ainsi que Marie-Dominique Bayle s’est engagée dans une voie où on joue de la voix, pour ensuite passer des castings et être régulièrement choisie pour présenter des films d’entreprise, des pubs, et être speakerine pour la télévision régionale.
À moi Paris ! Avec une petite cassette réalisée par un copain, Marie-Dominique Bayle envoie sa production dans les radios et les studios d’enregistrement de la capitale. Des centaines d’envois et elle démarre sur les chapeaux de roue ce nouveau métier. Pubs radio et TV, films internes, post-prod, documentaires, et même la téléphonie, l’E-learning, en fait pour tout ce qui est audio ou vidéo, c’est elle que l’on demande. « Je pense que ma voix a un grain particulier et je suis souvent choisie pour des produits prestigieux comme des parfums, Chanel, Guerlain, parce qu’on dit de ma voix qu’elle est élégante, rassurante, convaincante et douce. Je ne fais pourtant rien pour l’entretenir, autrefois j’ai même fumé, mais parfois au moment de me rendre à une séance, je fais quelques exercices de diction avec la méthode Gravollet, la bible des « Dis-moi petit pot de beurre quand tu dépetipodébeurreriseras-tu ? » ou autre « Dis-moi gros, gras, grand grain d’orge … ».
Je suis l’Oréal, Véolia, Cartier, Smart, Danone… Pas d’improvisation, pas d’originalité, elle n’a pas voix au chapitre. Le texte est imposé et il faut que la voix s’adapte au produit à promouvoir. On n’utilise pas le même timbre pour vanter un supermarché, But ou Auchan ou pour Rexona ou Isotoner ! « Je fais bien un métier de comédienne car j’essaie de faire passer des émotions, que ce soit un audio-livre, un documentaire, un message caritatif ou pour parler de la lutte contre le cancer, même pour 30 secondes. Souvent, la première prise est la bonne si je suis bien dirigée, du genre « Je veux une voix tonique ou une voix sécurisante » et lorsqu’il s’agit d’un docu, le support de l’image aide beaucoup, que ce soit la vie des animaux ou les femmes de la Libération. C’est vraiment plus naturel que le théâtre ! »
L’avenir est incertain. « Avec la concurrence d’Internet, le low-cost existe aussi dans ce métier et fait baisser les tarifs. La communication interne est souvent faite par des particuliers, installés au fin fond de la France, et qui produisent dans leur home-studios. Malgré tout, certains jours, j’assure plusieurs séances d’une heure grand maximum, sauf si c’est pour un 52mn, et je cours d’un studio à l’autre à travers tout Paris ». Autre écueil, les hommes sont plus nombreux dans ce métier, constate-t-elle : « S’il s’agit de parler du nucléaire par exemple, on fera plutôt appel à une voix d’homme mais malgré tout, je me suis bien positionnée dans l’institutionnel. Je fais des films médicaux, sur la recherche, des bilans de société et heureusement, en vieillissant, ma voix n’a pas changé. Quand je m’écoute, ça ne me fait rien même si parfois je suis fière du travail accompli ». Moi si, quand j’entends Marie-Do chaque soir sur France2 me dire que Welleda me propose de regarder la météo ou lorsqu’elle m’accompagne quand je pars en train dans le Thalys qui m’amène en Belgique. Inconsciemment, je lui fais toujours un petit coucou !
Vicky Sommet
Site de Marie-Dominique Bayle