Lilith ou la première femme fatale

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Depuis la nuit des temps, la femme fatale fait partie des mythes de notre société, elle peut être figure biblique, mythologique, mythique, cinématographique ou tout simplement historique et bien réelle même si son histoire a été transformée pour s’approcher au plus près de l’allégorie.

C’est quoi une femme fatale

En gros, c’est une dame très féminine, cultivée, intelligente et surtout séductrice, mais aussi un peu menteuse, manipulatrice, destructrice, maîtresse chanteuse, tout ce qu’il faut pour arriver à ses fins. En fait, on ne compte plus les représentations dans la littérature, la peinture, le théâtre, le cinéma (souvenez-vous de Madame de Merteuil, de Carmen, ou encore de Lana Turner et Jessica Lange dans « Le Facteur sonne toujours deux fois ») pour mettre en scène cette héroïne qui use de son charme pour séduire ou piéger un héros malchanceux, avec pour arme de prédilection le poison ou le poignard. Mais on oublie parfois qu’elle peut être une victime aux prises avec une situation à laquelle elle ne peut échapper (La belle Hélène et le beau Pâris… l’amour peut-être) ou tout simplement une héroïne salvatrice (Judith étêtant l’ami Holopherne pour sauver son peuple, l’un des tableaux les plus puissants d’Artemisia Gentileschi peint après son viol). En fait, une femme forte qui ne se laisse pas faire et ne veut pas qu’on lui raconte de blablas.

La première femme fatale

Commencer par Cléopâtre était tentant, mais en y réfléchissant, pourquoi ne pas s’intéresser plutôt à la première d’entre elles ? Et ce n’est pas Ève contrairement à ce que l’on pourrait penser ! Ève est une boisson édulcorée comparée au breuvage incendiaire qu’est l’infernale (c’est le cas de le dire) Lilith, vraiment la toute première légende féminine de la femme fatale. Car il s’agit d’un très vieux mythe qu’on retrouve sous d’autres noms chez les Sumériens et les Babyloniens et, bien entendu, dans la Bible. Lilith était la première femme avant Ève, bannie du Paradis terrestre car elle s’était opposée à Dieu et à Adam. Pour la punir, Dieu la condamne à voir tous ses enfants mourir à la naissance (excusez du peu). Elle rencontre ensuite le démon Samaël, l’épouse et s’installe avec lui dans la vallée de Jehanum où il prend le nom d’Adam-Belial. Lilith devint la préférée de Lucifer et la reine des Succubes*. Elle s’appliqua par la suite à répandre le mal. Le serpent du Paradis terrestre, c’est elle ! On l’appelle aussi l’Ève des Enfers !

Ange ou démon

On peut recenser de très nombreuses héroïnes maléfiques qui, au moins par certains aspects de leur personnalité, reprennent une facette de Lilith (sexualité débridée et illicite, détournée de la procréation, morbidité liée à la sexualité mais aussi femme libre, égale de l’homme). À l’époque contemporaine, la figure de Lilith rebelle à l’autorité d’Adam et sa création simultanée à celle de l’homme ont inspiré les mouvements féministes, comme « Choisir la cause des femmes », dans les années 1970, qui ont repris Lilith et son image comme porte-flambeau de leur lutte. En effet, contrairement à Ève, que la Bible présente comme ayant été conçue à partir d’une côte d’Adam afin qu’elle lui soit dépendante et donc soumise, Lilith aurait été formée à partir d’argile comme Adam et serait donc son « égale ». Ce qui placerait la femme dans un statut, non plus de subordination, mais de parité-égalité face à l’homme.

Lilith, la nouvelle Ève alors ?

Anne-Marie Chust

*Pour celles qui, comme moi, ne savaient pas, il s’agit d’un démon femelle qui vient la nuit s’unir à un homme.

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