L’artiste franco-mexicaine, Patricia de Solages nous emmène loin de nos habitudes, dans une expérience de l’espace qu’elle nous demande de partager. Exposée à Paris, Bruxelles, Miami, New York, son approche est originale, fruit de plongées dans des contrées méconnues afin de capter la nature dans toute sa fragilité au plus près des émotions.
Une artiste engagée
1998, c’est l’année de la Coupe du monde en France et pour Patricia, celle où l’Art rejoint la vie. Partie de Mexico, sa ville natale, pour Paris où elle travaille pour cet événement, elle décidera de suivre sa belle étoile jusque dans les endroits non explorés de la planète, comme photographe-reporter avant de se consacrer entièrement à la photographie, puis récemment à l’enregistrement des chants des baleines. Ses œuvres s’inscrivent dans le souci de protection de la nature. L’environnement est fragile, l’air est saturé, les glaciers fondent, certains animaux sont en voie de disparition. La vulgarisation scientifique ne procure pas les résultats escomptés, les politiques sont souvent maladroits avec leurs discours culpabilisants et moralisateurs. On a besoin d’artistes comme Patricia de Solages qui délivre un message harmonieux, idéalisé et éveille les consciences, en suscitant l’émotion par la beauté. Son travail est réalisé directement en milieu naturel. C’est davantage une expérience de la fragilité du monde réel que la recherche de valeur marchande, à l’équilibre entre art et éthique, qui répond au désir de faire de l’humanité une œuvre d’art.
La nature en prise directe
Dans « Je suis l’eau », des photographies d’icebergs font ressortir le bleu du ciel, de la mer et l’éclat du soleil. C’est pur comme la transparence de l’air, fragile comme le cristal. « Chaque image est conceptualisée comme une bulle, ni haut, ni bas, ni creux, ni plein, les perspectives sont ouvertes aux regards et à l’imaginaire. Le format proposé reste intime et invite à la contemplation. » D’Islande, elle rapporte des photographies d’un pays à la marge du monde, entre le blanc étincelant des paysages enneigés et les aurores boréales, qu’elle rassemble dans une œuvre, « Calligraphie intime ». Du papier japonais en fibres de bambou fait ressortir les reliefs, les textures lisses ou rugueuses de la glace, des volcans et des montagnes qui évoquent la calligraphie à l’encre de chine. Patricia semble n’avoir aucune limite à son pouvoir créatif pour représenter la beauté colossale de ces paysages et toucher les gens afin de les rendre sensibles à ce qu’elle souhaite transmettre.
Plongée dans les abysses
Si l’on désire appréhender la beauté de la nature, il faut aller au fond des océans. Profonds, mystérieux, ses abysses sont un monde plein de mystères. C’est le chant des baleines qui inspire l’artiste, comme langage poétique. La voilà embarquée à bord d’un bateau pour suivre une mission scientifique et explorer les profondeurs de la mer, là où la grande symphonie de l’univers se fait entendre. Les baleines utilisent leur gigantesque volume corporel pour communiquer entre elles à des milliers de mètres de profondeur en notes aigües ou basses. De cette découverte est né en 2021 le spectacle « Keep it wild » l’un des grands évènements de la Nuit Blanche, à l’Église de Saint-Eustache. Pas de photos, mais une alliance entre des enregistrements de chants de baleines, le duo formé par un violoncelliste et un organiste et des hologrammes de cétacés qui évoluent au sommet de l’orgue éclairé de bleu marin. De l’émotion pure, une véritable communion spirituelle avec la nature où l’église devient le cœur de l’océan.
L’art de Patricia de Solages est fait de sonorités, de rythmes, d’images. C’est une écriture poétique bouleversante qui invite à la méditation.
Michèle Robach
Vous avez aimé cet article sans publicité ? Devenez mécène de notre publication. À partir de €5…