Journal d’une pharmacienne

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Rassurer, écouter, la pharmacie est au service du public, ouverte comme les commerces de bouche, un rôle nouveau pour apporter réconfort et attention : 50% de vente, 50% d’échanges. Ce qui n’empêche pas Corinne Brami de sourire face à des situations inhabituelles, voire cocasses.  

De rien à tout, le client est roi

Les clients viennent à la pharmacie, à défaut d’autres enseignes utiles, photocopies d’attestations de sorties, ordonnances périmées depuis plusieurs années, envoi du courrier, mais comme les gens ont le temps, ils prennent celui de la pharmacienne aussi. Temps de trier leurs médicaments, vérifier les dates de péremption, ils viennent apporter leurs boîtes usagées pour le recyclage. « Nous leur avons expliqué notre refus car nous ne voulions pas manipuler les sacs mais ils nous demandent de les garder, ce que nous refusons, alors ils nous accusent d’être responsables de la pollution de l’environnement… »

Les réserves de l’écureuil

De la mise à jour de la carte Vitale aux renouvellements d’ordonnances de trois mois de traitement de maladie chronique. « Tout le monde en profite pour renouveler l’utile et l’inutile, un traitement de mycose daté de 2018, celle délivrée la veille avec une demande pour deux mois de paracétamol alors que nous ne pouvons délivrer qu’une boîte ou deux en cas de fièvre. Tout le monde s’invente une activité qui nécessite du gel hydro-alcoolique, pour le travail, le mari, les enfants. Des produits vétérinaires, des demandes de vitamines C ou de probiotiques pour le chat et des masques pour sortir le chien… »

La beauté garde ses droits

« Une cliente voulait un contour de l’œil antioxydant, une autre une crème hydratante avec indice UV, et beaucoup demandent des produits de teinture pour cheveux comme chez le coiffeur, châtain clair doré, marron, acajou. Ou celles qui veulent absolument des gants, non pas pour se protéger mais pour appliquer leur couleur.. » Et des produits détox, minceur, des huiles essentielles, chacun met à profit le confinement pour se refaire une beauté intérieure comme extérieure. Un jeune papa vient acheter un thermomètre, mais il n’y a que des modèles anciens, pas à laser ou auriculaires. Il s’interroge « Comment l’utilise-t-on ? Je réponds sous le bras ou en rectal et il me demande s’il y a un mode d’emploi… »

La semaine dernière, pas de gels. « Nous les avons enfin reçus en mini-flacons aromatisés, coco, pomme ou fraise. Mais certaines clientes les refusent à cause des parfums. €1,20 pour certaines c’est trop cher et depuis la réception de flacons de 500ml, c’est trop grand. Enfin, un monsieur demande ‘Vous avez du gel’ et pour la cinquantième fois de la journée, on répond non, et il rétorque mais moi je vous demande du gel lubrifiant ! »

La vie continue… Et la pharmacienne est présente, patiente et protège ses clients et ses personnels. Merci à vous et nous essaierons à l’avenir de respecter votre temps de travail.

Vicky Sommet

« S’il vous plait, dites à tous, dans cette période de confinement, arrêtez-vous quelques minutes pour développer civisme et bienveillance. Aidez-nous ainsi à remplir notre mission dans des meilleures conditions. Pour vous, pour nous, pour tous. » #paroledepharmacienne

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