Si les femmes ont acquis des droits comme travailler, voter, choisir d’enfanter ou de disposer de leur corps, on assiste pourtant encore à des différences liées au genre et, on le dit peu, à l’impact de l’amour sur nos comportements.
La dépendance affective
Au nom de l’amour, on peut tuer, haïr, se faire tabasser, torturer, violer et cette tyrannie est le plus souvent aux dépens des femmes. La philosophe Peggy Sastre ajoute que c’est « comme si la normalité, quand vous êtes dotées d’ovaires, était de mettre l’amour en tête de toutes vos priorités … ». La cause en serait, selon les sociologues, la marque de différenciation sexuelle des sociétés modernes et le résultat de l’éducation donnée aux petites filles qui attendent « le prince charmant », une idéologie romantique qui les pousse à attendre l’homme miraculeux et à faire don d’elles-mêmes dans l’abnégation et le dévouement. Les études de la neurobiologie de l’attachement (fin des années 60), démontrent que tout concourt à la reproduction : le temps, l’énergie, nos comportements, notre survie et notre milieu. Ne dit-on pas : « Il faut tout un village pour élever un enfant » ?
La maladie d’amour
L’amour peut être addictif ! La psychologue Ann Smith décrit notre dépendance comme une recherche compulsive d’amour romantique qui fait dériver notre sentiment de sécurité. Quand la passion frappe, nous nous sentons en sécurité maximale jusqu’à ce que le sentiment s’affadisse et nous nous sentons à nouveau vulnérables. Surinvestissement domestique, surinvestissement matrimonial, le bonheur n’est pas toujours à la clé et le martyr amoureux est lié inconsciemment à la peur du sexe. Le puritanisme, décrit par Darwin comme une inertie culturelle, ou la sexualité sans lendemain, les comportements sexuels évoluent avec les sociétés et, par exemple, le sexe extraconjugal est assez bien partagé entre hommes et femmes même si elles trouvent l’aventure à 57% dans leur cercle amical proche alors que les hommes y ajoutent voisines, collègues et prostituées.
« L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est un épisode dans la vie des hommes. » Madame de Staël
L’amour et ses délices
L’amour ne serait-il alors qu’une hormone, l’amoureux, un partenaire d’accouplement pour procréer, le coup de foudre, une synchronie biocomportementale, à tout réduire à la science, on finit par oublier la culture, l’instinct et une proportion de désirs incontrôlables, mais salutaires pour notre bien-être. La libération de nos droits, comme le soulignait Simone de Beauvoir « Il ne faudrait pas croire que la simple juxtaposition du droit de vote et d’un métier soit une parfaite libération », n’est pas complète tant que manque l’autonomie sexuelle.
L’émancipation, la liberté, l’ordre moral, les interdits et les régressions en matière de lois, frôlent les frontières de la pensée où les hommes dominent encore les femmes, mais le sexe reste à la fois le bien le plus vital et le plus immatériel de la femme. À nous de sublimer nos pulsions et de penser que nous sommes plus que des rats de laboratoire !
Vicky Sommet
« Comment l’amour empoisonne les femmes. Du surinvestissement sentimental des femmes et des moyens d’y remédier. » de Peggy Sastre aux éditions Anne Carrière (janvier 2018).