Je suis une amoureuse de la langue française et une inconditionnelle de ses exceptions qui ont fleuri au cours des siècles. Le préfixe in exprime une idée de négation comme inouï, qui ne peut être ouï, interminable, qui semble ne jamais se terminer. Ce préfixe in traduit l’idée de contraire tel incapable et devient il devant un l pour illettré, im devant un b ou un m pour imberbe ou immoral et ir devant un r tel irréel. Mais si je me fixe sur ce préfixe, c’est qu’il donne naissance à de nouveaux mots. Vous serez d’accord avec moi que l’incivilité règne en maître dans les embouteillages, les transports en commun ou la file d’attente de l’autobus, peu importe l’ordre d’arrivée, le respect dû aux personnes âgées ou la stricte observation d’un feu rouge. Est venue s’ajouter l’invisibilité des femmes qui attendent d’être servies ou qui veulent témoigner dans un commissariat. Arrive maintenant l’intranquillité, celle ressentie devant les exactions des pays en guerre ou le dérèglement climatique qui a donné naissance à l’éco-anxiété. Ne nous reste plus qu’à exprimer notre inquiétude devant cette avalanche de nouveaux vocables, tout en louant l’inventivité et l’innovation dont font preuve les jeunes d’aujourd’hui.
Indispensablement vôtre,
Vicky Sommet