En 1985, à son amie Alison Bechdel qui cherche comment mesurer le niveau d’égalité entre les genres au cinéma, Liz Wallace propose l’idée suivante : il doit y avoir dans un film au moins 2 femmes identifiables par leur nom et leur prénom qui ont des discussions ensemble et dont le sujet de conversation ne se réfère pas à… un homme ! De là est né le test Bechdel-Wallace¹. Certains films échouent cependant au test alors qu’ils représentent des femmes fortes. Alors sexistes ou pas ? Pour y répondre, un bloggeur anonyme définit un nouveau test dit Mako Mori² qui reprend un critère unique ne se centrant pas sur les dialogues comme le précédent, mais sur l’obligation de présenter au moins un personnage féminin qui a son propre « arc narratif »³ complètement indépendant de celui d’un personnage masculin. Ces tests n’ont bien entendu aucune valeur scientifique mais ils témoignent de la volonté de voir évoluer les personnages féminins, à la fois du point de vue quantitatif et qualitatif, et de dénoncer le manque d’épaisseur psychologique et la réduction à des traits caricaturaux des femmes à l’écran (la businesswoman castratrice, la cinquantenaire qui refuse de vieillir, etc.) Il est vrai qu’en choisissant un film, on cherche surtout à se distraire, mais il n’est pas inutile de connaître quelques outils conceptuels permettant d’affûter notre esprit critique et identifier certaines représentations problématiques.
Michèle Robach
¹Alison expliquera s’être inspirée du récit de Virginia Woolf, Une chambre à soi, dans lequel la narratrice se plaint de ne pas trouver de livre sur les femmes écrits par une femme et parlant de l’amitié entre femmes ou de femmes qui pensent à autre chose qu’à des préoccupations domestiques.
²Mako Mori est un petit génie, héroïne du film, succès au box office en 2013, Pacific Rim de Guillermo del Toro.
³Arc narratif, construction d’une intrigue qui se développe dans une histoire depuis le nœud du récit, jusqu’au dénouement.