Picasso.mania : testament ouvert

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Copie, réinterprétation, parodie, inspiration, référence, ironie… Lien naturel ou lien un peu élastique, l’exposition Picasso.mania replace l’œuvre du père du Cubisme au cœur des débats de l’art contemporain.

On se souvient avec émotion de l’exposition de Picasso et les maîtres en 2009 et des ses files d’attente pour admirer les confrontations entre les œuvres du peintre catalan et celles de Greco, Vélasquez, Goya, Zurbarán, Ribera ou Poussin…. Six ans après, exercice inverse au Grand Palais : les grands artistes contemporains des années 1960 à nos jours à travers peintures, sculptures et vidéos rendent hommage, chacun à leur manière, au génie artistique du peintre.

Picasso.mania. L’intitulé de l’exposition, au-delà de la ponctuation branchée et aguicheuse, fait référence à une  citation de l’artiste. Répondant lors d’une interview (1959) à la question « Vous continuerez longtemps à peindre ? », il répondit : « Oui, parce que pour moi, c’est une manie ».  De la Chine (Yan Pei Ming) en passant par l’Afrique (Chéri Samba) et évidemment par les USA (David Hockney, Basquiat, Lichtenstein, Warhol…), la volonté de l’exposition est d’instaurer un dialogue entre cette personnalité hors norme et les créateurs actuels.

Confrontation féconde. La visite s’effectue par thème stylistique, par artiste ou par œuvre emblématique. Les commissaires, au regard des photographies de Dora Maar, compagne de Picasso, ont tenu dans certaines salles à retrouver l’esprit de l’accrochage et l’agencement dense (trop !) des toiles que l’on pouvait voir alors dans ses ateliers ou expositions. Excepté l’architecture, tout médium y est représenté.

Notre Picasso.mania

Vidéo : See a woman crying – Rineke Dijkstra, Photographe-vidéaste néerlandaise. Neuf jeunes écoliers face à la caméra s’expriment en regardant un tableau que l’on ne verra jamais : La femme qui pleure, portrait de Dora Maar. Pas d’icône, place à la parole : émotion forte !
Peinture : Les quatre saisons – Jasper Johns –. Les quatre panneaux du polyptyque sont réunis exceptionnellement dans une (trop) petite pièce ronde. Délaissant son admiration pour Marcel Duchamp, l’artiste américain rend hommage à Picasso. On s’exerce nez en l’air et tournant sur nous-mêmes à trouver les multiples références.
Dessin: Série Jacqueline – Martin Kippenberger. Plutôt que son autoportrait avantageux en slip kangourou à la manière de Pablo, la très jolie série de dessins aux crayons de couleurs représentant la mélancolie de Jacqueline, femme du peintre nous émeut.
Multi-support : Picasso’studio – Faith Ringgold, artiste engagée afro-américaine. Œuvre acrylique sur bois bordée de textile façon Quilt Patchwork.

La maîtrise de son image. Il faut aussi prendre le temps de visionner les extraits de films, de pub, de chorégraphies… Picasso, tour à tour solaire, machiste, engagé, séducteur, y est toujours présent jouant, bien avant l’heure, avec tous les codes des médias et du star-system, mélangeant à l’envi vie privée et vie publique.

 « L’art n’est jamais chaste » disait Picasso. La dernière salle des Bad Paintings rappelle avec verdeur que l’activité érotique est intimement mêlée à l’activité créatrice. Le visiteur déjà un peu groggy par tant de  filiations, pas toujours évidentes et lisibles, a compris en sortant que Picasso était toujours vivant !

Christine Fleurot

Pour préparer votre visite, la prolonger ou simplement pour tout savoir sur Picasso, inscrivez-vous gratuitement au Mooc Picasso conçu par les équipes du Grand Palais et du Musée Picasso de Paris. Chaque thématique est composée de 3 parcours.

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