Immersion en misogynie

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Avec une bonne dose de provocation, Martin Monestier, journaliste, écrivain, amateur de sujets tabous, s’intéresse aux femmes dans son dernier livre et nous en prenons toutes pour notre grade ! Heureusement cet ouvrage qui fait la part belle aux faits divers, au bizarre et à l’insolite est caricatural. On peut en prendre et en laisser…

À prendre. Disons que c’est bien grâce à nous, cet « être abominable », que de tout temps l’Homme a eu du grain à moudre ! « La femme est une calamité donnée à l’homme » témoignait déjà Hésiode au VIIIe siècle avant JC. De son côté Stanislas de Boufflers (1738-1815) rassurait : « Il y aura toujours quelque chose de nouveau sur les femmes, tant qu’il en restera une sur la terre ». L’auteur a eu besoin de 560 pages pour nous promener dans des écrits qui remontent à l’Antiquité. « Il n’en fallait pas moins pour étayer mon sujet » répond-t-il quand on lui fait remarquer que son livre est un peu long pour un pamphlet. Il s’est inspiré de la littérature, d’études scientifiques, de sondages, de la presse et des agences de presse. Autant dire qu’habileté, passion et travail lui ont été nécessaires pour servir son sujet.

Au chapitre des histoires amusantes. Parmi les bonnes nouvelles pour des sites comme le nôtre : « une européenne sur deux préfère se passer de relations sexuelles pendant deux semaines que d’être privée d’ordinateur. Les hommes ne sont que 30% dans le même cas ». En Finlande, une femme se voit accorder le divorce et verser 3 000 euros pour avoir été traitée de « vieille vache » par son mari. Passait encore, selon elle, « pute » et « salope », mais avec « la vieille vache » il avait dépassé les bornes ! Et, petit détail qui a son importance, les aînées trouveront 14 bonnes raisons d’être épousées par un jeune homme.

À laisser. Être dénoncée, caricaturée, dénigrée, raillée peut agacer à la longue… Du moins une femme. Agaçant, la biophysiologie de cette dernière qui aborde le « popo », le « pipi » et le « trou seigneur ». Encore que… Il faut avoir le front de le faire ! Tout au long du livre les mots employés sont volontairement provocateurs, crus, voire vulgaires. Agaçant aussi, l’emploi partiel de tirades, notamment celle d’Alfred de Musset à laquelle il manque : « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels » etc. « mais s’il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux ». Jésuitique, le fait d’avoir recours à son double (Martin Sixte) pour asséner des vérités crues. Un peu rapide et trop facile enfin le « les « écrivaines » et leurs écrits vains » et tout le développement qui va avec. Masochiste d’avoir voulu prouver que la femme « recherche systématiquement le mal pour son plaisir » …

La misogynie première étape avant la misanthropie. « Il faut bien lire l’avertissement avant de jeter l’ouvrage », recommande l’auteur. En pure sotte, bête, crétine, idiote, imbécile, stupide, conne, etc. que je suis peut-être, puisque toutes les femmes le sont dans l’ouvrage, je dirais : mieux vaut lire le livre avant de le mettre à la poubelle, surtout si l’on a dépensé 22 euros pour l’acheter. L’avertissement indique donc que la misogynie n’est pas faite pour les jeunes. Un misogyne ne fuit pas les femmes, il les connaît et il est content de les connaître. C’est la première étape avant la misanthropie, état censé atteindre tout homme sensé qui a compris le fonctionnement humain.

Offrons la conclusion à :
– Aristophane « Il n’est pas possible de vivre avec ces pestes, mais pas possible non plus de vivre sans ces pestes ».
– Molière « Les femmes, leur esprit est méchant et leur âme fragile », etc. « et malgré tout cela, dans le monde, on fait tout pour ces animaux-là ! ».
– Gandhi « Appeler les femmes le sexe faible est une diffamation ».
– Et Yvonne Printemps « Les femmes préfèrent être belles plutôt que paraître intelligentes parce que chez les hommes il y plus d’idiots que d’aveugles ».

Isabelle Brisson
Mid&Sud-Ouest

 Immersion en Misogynie de Martin Monestier, Ed. Le Cherche-Midi.Pamphlet, mars 2016, 560 pages, €22

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