Dans une société en pleine évolution, les Sumos dont les combats remontent à plus de 1.500 ans restent riches, célèbres et convoités. Véritables sex symbols au Japon, ils font la une des magazines féminins. Retour sur un sport qui, s’il reste macho, connaît une évolution récente remarquable avec l’émergence de lutteuses nippones qui n’ont pas froid aux yeux.
Effervescence au Japon
Kotoshogiku Kazuhiro, un Sumo japonais de 32 ans (1,79 mètres pour 180 kg), soulève enfin la coupe de l’Empereur ! Depuis 2006, tous les grands tournois ont été remportés par des étrangers, surtout originaires de Mongolie. Le pays retrouve du coup sa fierté nationale ! Kotoshogiku-san pourra donc rembourser sa dette éternelle à l’égard de son grand-père. C’est lui, en effet, qui a incité le jeune homme à s’entrainer en lui construisant un dohyo (ring de combat) près de la maison familiale et en lui faisant boire du sang de tortue, afin de le fortifier après chaque entrainement. Notre héros national n’a rien d’un David Beckham, néanmoins il n’est pas peu fier d’arborer à ses côtés sa jolie épouse, Yumi.
Ce que nous disent les légendes
Elles racontent que c’est à un combat de Sumos que l’on doit l’existence du pays. La suprématie des Japonais sur l’île fut établie quand le dieu Takemikazuchi fut déclaré vainqueur sur une tribu rivale. Puis, le rituel est resté sacré et destiné aux dieux afin qu’ils garantissent de bonnes récoltes. Les combats de Sumos se sont progressivement introduits comme distractions au sein de la cour impériale. Violents au début, relevant plutôt de la lutte, ils sont devenus un sport maîtrisé avec une technique et un rituel qui ressemblent davantage à ce que l’on connaît aujourd’hui.
Sans surprise, Sumo-macho
Il n’est pas rare de croiser un Sumo à Tokyo. En tant qu’occidentaux, on reste assez perplexes. Véritables demi-dieux, on les voit souvent accompagnés de Japonaises glamour. En revanche, il est strictement interdit aux femmes de monter sur le dohyo. Même l’ancien Ministre d’État à la Culture, Madame Moriyama, qui avait exprimé la demande de remettre un prix au champion de l’époque sur l’ enceinte sacrée, s’était vu refuser l’autorisation par l’Association Nationale du Sumo, en dépit de son insistance et de son rang, pour la seule et simple raison… que ce ministre était une dame. Encore une sinistre croyance de sang menstruel impur…
Mais dans le public, on nous tolère
Quelle expérience ! La combinaison de leur extrême souplesse et de l’énormité de leur masse musculeuse est un véritable défi aux lois de la nature. Mais le plus curieux, c’est la rapidité du combat : après quelques gestes rituels pour purifier le dohyō et chasser les esprits, les Sumos s’observent accroupis. Puis, mettant les deux mains au sol, signal que le combat peut commencer, ils se jettent frontalement l’un vers l’autre. Le premier contact peut être très violent. La tension est extrême, le public tétanisé, le temps s’arrête. En quelques secondes, grâce à l’une des 82 prises gagnantes qui autorisent à s’accrocher au mawashi (bande de tissu serrée autour de la taille et de l’entrejambe), l’un des lutteurs va forcer l’adversaire à toucher le sol autrement qu’avec la plante des pieds ou va le pousser en dehors du cercle sacré. Et il a gagné. En cas de doute sur le vainqueur, les juges se réunissent sur le dohyō pour délibérer et il arrive alors que le combat soit rejoué. Mais pour Kotoshogiku Kazuhiro, aucun doute : sa victoire fut impressionnante !
Il ne reste plus qu’à espérer que le public renoue avec cette tradition ancestrale et pourquoi pas, qu’elle attire les japonaises qui n’ont pas froid aux yeux. Celles qui se lancent entendent bien rester dans la catégorie des moins de 65 kg. Que la force soit avec elles !
Michèle Robach
Mid&Japon