Parmi les sept cents agences de Pompes Funèbres françaises, le Pech Bleu de l’Hérault se distingue par l’emploi de deux femmes : Lydia agent funéraire (porteur, conducteur, fossoyeur) et Anaïs, crématiste. Le parcours de Lydia montre qu’un « croque-mort », synonyme de personne sinistre ne l’est pas autant que cela…
Un parcours original
Lydia a toujours été sportive, volontaire et attentionnée. Elle mesure un mètre soixante-quinze. Son parcours original commence à quatorze ans au Framboisier de Béziers. Dans les années 1995, ce restaurant qui a un macaron au Michelin la pousse vers le métier de sommelier qu’elle exerce pendant plus de dix ans. Après un grave accident de moto elle « vadrouille » un peu. Et grâce à ses origines espagnoles par sa mère, elle se retrouve propriétaire d’un bar près de Barcelone. À la mort de sa grand-mère, elle découvre que le cérémonial funéraire se rapproche de celui de la restauration, d’une certaine manière. Beaucoup de discipline, de respect des personnes pour qui l’on travaille, de la rigueur, de l’investissement personnel. Elle abandonne son bar à la recherche d’un emploi. Une amie, directrice du cimetière d’Alès, la voit bien dans le métier d’agent funéraire avec sa force physique, sa bonne hygiène de vie et son respect des autres.
Une formation spécifique
Depuis 2013 une formation est nécessaire pour travailler dans le funéraire : être passé par l’École nationale des Pompes funèbres ou par l’entreprise qui vous emploie. Lydia passe le diplôme de Conseiller Funéraire à Lattes et fait un stage dans les Corbières. Puis elle atterrit au Pech Bleu comme conseillère funéraire, mais elle étouffe dans un bureau. Alors elle va à l’atelier préparer les cercueils, faire de la mise en bière, regarder les autres travailler. Rapidement repérée, on lui propose de remplacer un malade. Un cercueil se porte à quatre et l’on peut avoir à supporter 50 kg chacun. On lève le cercueil en même temps en le prenant avec une main puis avec l’autre et on le pose sur l’épaule. Il n’y a pas de taille réglementaire. Les deux petits sont devant et les deux grands derrière. L’uniforme est obligatoire. Lydia a préféré celui d’homme qui a des poches.
« Nous aimerions être reconnu.e.s au même titre que les ambulanciers, les pompiers, les gendarmes, etc. On oublie trop souvent de remercier les agents funéraires. Beaucoup de personnes voient encore le Croquemort à la Lucky Luke, avec des dollars dans les yeux… »
Des larmes et de joies
Dans ce métier, le mental joue. Il y a des jours très durs : les pleurs, la tristesse… Et il y a des jours de grande fierté quand on a pu redonner figure humaine à une personne en triste état. Il faut avant tout être humain. Lydia qui est croyante est persuadée que les morts sont avec nous. Elle est à l’écoute des familles, veut les satisfaire pour qu’elles partent apaisées.
Interdit de parler travail chez elle où elle est une vraie comique. Elle fait en sorte que tout le monde se sente bien : papa, maman et sa compagne.
Isabelle Brisson
Mid&SudOuest