Marie de Hennezel, psychologue clinicienne, sillonne aujourd’hui la France (et le monde) pour aider celles et ceux qui le souhaitent à apprivoiser ce vieillissement qui inquiète, à nous réconcilier avec la mort, dont la certitude aide vraiment à vivre.
Faire don d’une maturité heureuse
Elle est connue pour ses ouvrages sur son expérience en soins palliatifs et accompagnement de fin de vie (notamment avec François Mitterrand). Aujourd’hui retraitée mais active, Marie de Hennezel poursuit son chemin de vie en cultivant, comme Victor Hugo, ce paradoxe d’avoir « un corps déclinant et une pensée grandissante ». Ce qu’elle explique dans ses conférences et séminaires, pour être, comme Albert Jacquard, heureuse « de pouvoir chaque jour fabriquer des émotions nouvelles ».
Inventer sa vieillesse
Loin de l’idée gaullienne qui faisait de la vieillesse un naufrage, accepter et aimer son corps vieillissant est la première étape pour vieillir sereinement. « Le regard ne vieillit pas, libre à nous de rester ouvert de cœur et d’esprit » dit-elle en proposant de méditer sur sa finitude, une vaste question à envisager le plus tôt possible pour devenir une source, une présence réconfortante pour notre entourage.
À l’heure où les humains ont atteint l’espérance de vie la plus longue de leur histoire, dans un monde placardé de publicités anti-âge, c’est une véritable cure de jouvence pour l’âme et l’esprit que propose Marie de Hennezel, dans ses conférences et son récent ouvrage¹, qui nous appellent à nous poser les bonnes questions, dont celle de notre mandat céleste, ici-bas.
Bien vieillir ça s’apprend, comme enfant, on apprend joyeusement à marcher, écrire et lire.
La grâce de la connivence douce
Avec la tendresse comme cadeau de l’âge, thématique qu’elle aborde largement dans son livre, co-écrit avec le psychanalyste et président d’OLD’UP, Philippe Gutton, « Et si vieillir libérait la tendresse … ». Partie à la rencontre des couples venus en séminaires ou en maisons de retraite, elle raconte leurs amours, la tendresse enfin libérée. « Dans l’abandon érotique, les amants vivent une expérience sensible, hors du temps, éternelle, et rien ne peut leur faire plus de bien. »
C’est grâce à la confiance et la tendresse mutuelles que l’accueil de la vulnérabilité de l’autre est possible, permettant de vieillir dans un amour pur, avec des cœurs d’enfants.
Anne-Claire Gagnon
Lire Et si vieillir libérait la tendresse de Marie de Hennezel, Philippe Gutton (Éditions In Press, septembre 2019, €14,90)
Écouter « Peut-on décider de vieillir heureux ? », la conférence donnée le 7 décembre 2017 à Bonchamp-lès-Laval par Marie de Hennezel, psychologue clinicienne et écrivain.