« Danseuse Étoile, c’était un rêve depuis toute petite ». Léonore me raconte au téléphone, confinée comme vous, sa vie au quotidien et celle d’hier, une vie qui reprendra bientôt pour les amateurs de danse ici et ailleurs, un monde qu’elle parcourt avec le corps de ballet de l’Opéra de Paris.
Rêve et Travail
« Avant tout, les Étoiles véhiculent une sorte de magie pour faire rêver, et pour moi, c’est aussi une responsabilité au sein de l’Opéra et c’est enfin, un travail quotidien pour m’améliorer. La richesse des répertoires permet d’exprimer mes savoir-faire. L’Opéra Garnier est magique, je m’y sens chez moi, même si je reste impressionnée. Quand le rideau s’ouvre, je vois la scène, la salle rouge et le plafond de Chagall, comme lorsque je suis avenue de l’Opéra devant le bâtiment, me dire que c’est mon bureau m’émeut à chaque fois. Je préfère mille fois travailler à Garnier plutôt qu’à Bastille, sous les trois coupoles vertes, nos salles de répétitions ont une vue sur tout Paris ! ».
Une Étoile dans sa cuisine
« Ce n’est pas simple, je travaille avec les moyens du bord. Je m’accroche au comptoir de ma cuisine, je fais des exercices au sol. Sans partenaire, il y a des aspects que je ne peux pas approfondir comme faire des pointes parce que mon parquet glisse ou des sauts par manque de place. Nous aurons besoin d’au moins un mois de répétition avant de remonter sur scène car je n’ai pas la même forme qu’après six heures de travail par jour. Ma chatte a envie d’attaquer quand je fais des dégagés, elle essaie de suivre mes pieds mais heureusement elle hésite ! Je suis rentrée du Japon deux jours avant le confinement, je vois que mes projets s’annulent comme l‘Australie, ce qui est le plus dur pour le moral, c’est de rester dans le flou pour la suite ».
Derrière le rêve, la femme
« Je viens de danser Giselle, un rôle attachant et universel, j’aime aussi La dame aux camélias et Le Sacre du printemps de Pina Bausch, même si c‘est douloureux physiquement et psychologiquement. Je me sens très féministe pour l’éducation des jeunes filles et la place de la femme dans la société bien que le ballet ne soit pas un milieu qui défende ces idées. Dans les ballets classiques, la femme attend d’être sauvée par un prince ou elle tombe amoureuse et le prince la trompe et elle en meurt mais lui pardonne dans l’au-delà ! C’est la base de mes combats intérieurs car ces rôles sont souvent antiféministes ».
Léonore ne s’est pas encore projetée dans l’après, elle adhère à une association « What dance can do project » qui propose des cours de danse à des enfants des bidonvilles au Kenya ou des spectacles comme à l’hôpital Necker, une initiative qu’elle aimerait développer ou enseigner ou chorégraphier, la retraite sera pour elle comme pour toutes les danseuses à 42 ans, ce n’est pas demain … mais après-demain !
Vicky Sommet
UN BALLET CHEZ VOUS
Soirée « Hommage à Jerome Robbins » –Fancy Free, A Suite of Dances, Afternoon of a Faun, Glass Pieces –
Disponible du 13 avril à partir de 19h30 au 19 avril – Chorégraphies : Jerome Robbins – Direction musicale : Valery Ovsyanikov avec, dans les rôles de solistes, Eleonora Abbagnato, Amandine Albisson, Alice Renavand, Sae Eun Park, Stéphane Bullion, Hugo Marchand, Karl Paquette, François Alu, Paul Marque – Réalisé par Vincent Bataillon.