Intelligence artificielle : avec les femmes

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Les Entretiens de Mid&Plus étaient consacrés l’année dernière à la question de l’égalité entre les femmes et les hommes ce qui nous a naturellement amenées à organiser cette année une rencontre autour de la question de l’Intelligence Artificielle, utopie ou réalité. Quel sera le rôle des femmes dans cette aventure numérique déjà en marche ? Nous avons réuni 30 expert.e.s pour en débattre.

L’éducation

Il y a dix ans 30% de femmes suivaient des études en informatique. Elles ne sont plus que 15% aujourd’hui nous dit Elyès Jouini, vice-président du conseil d’administration de l’Université Paris-Dauphine. « Dès qu’un domaine devient un enjeu de pouvoir, les femmes disparaissent… » Comment susciter un nouvel intérêt chez les jeunes filles ? Tout commence dès la petite enfance. « La clé du problème se trouve dans l’apprentissage de l’encodage qui devrait être enseigné dès le plus jeune âge sous forme de jeu et repris en 4e sous forme d’enseignement. » nous dit Claude Terosier, fondatrice de Magic Kids.

Du fait de ce manque de femmes formées en la matière les algorithmes seraient sexistes, racistes et en conséquence ne s’adapteront pas à la vie des femmes. Il y a urgence encore une fois à revoir notre politique éducative afin de développer la mixité.

La vie connectée

« L’intimité, c’est le passé. » rappelle Pierre Delort, professeur, auteur d’un ouvrage sur le Big Data. Les grands domaines de notre vie de tous les jours sont déjà impactés par l’Intelligence Artificielle. Demain, les secteurs de la finance, la médecine, la santé, les transports seront fortement consommateurs d’algorithmes qui viendront améliorer notre vie au quotidien : la reconnaissance faciale et vocale, l’authenticité des documents, la voiture connectée, les consultations médicales en ligne, les interventions chirurgicales sous robot, etc. D’où l’importance là-aussi d’entendre la voix des femmes. Qu’elles soient formées certes, mais aussi utilisatrices éclairées !

©Déjeuner-débat IA - Mid&Plus

Laurence Devillers, Catherine Vidal, Elyès Jouini, Pierre Delort, Joël de Rosnay

Et l’éthique dans tout ça ?

L’homme a d’abord eu peur de la parole, puis de l’imprimerie, aujourd’hui c’est de l’Intelligence Auxiliaire, comme la nomme Joël de Rosnay, prospectiviste. Ceux qui la craignent sont souvent mal informés. Or, cette Intelligence permettra à l’Homme de s’augmenter. « Oui il y a un risque », admet-il, « mais être augmenté est la priorité pour l’humanité ». Laurence Devillers, professeure et chercheuse, rappelle qu’en aucun cas il ne faut laisser à la machine la décision qui appartient à l’être humain. Et ajoute « 80% des codeurs sont des hommes, 80% des noms de machines sont féminins. » Il est temps que les choses changent !

Les outils numériques créés par l’Homme ne supplanteront jamais la puissance infinie du cerveau humain. « Pour être plus intelligent », ajoute Catherine Vidal, neurobiologiste, « il faut de l’éducation, une bonne alimentation et de l’exercice physique… »

« On ne peut pas devenir ce que nous n’avons pas identifié comme possible. » dit Caroline Chavier, fondatrice du Meetup WiMLDS, en insistant sur la nécessité de rôles modèles de femmes en matière numérique. Elles ont toute leur place dans cette aventure, mais encore faut-il qu’elles veuillent bien la prendre, que ce soit à l’école, dans l’université, dans l’entreprise et dans la société. L’aventure numérique est avant tout une responsabilité collective !

Marie-Hélène Cossé et Vicky Sommet

Merci à nos partenaires -la Fondation Suez (Myriam Bincaille) et la société Accofor (Murielle Pringez)- et aux modérateurs qui ont aimablement animé les débats et restitué les échanges.

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