Paris Photo, intime et tourmenté

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Fenêtre sur le monde, vitrine des dernières tendances, la 24e édition de la foire Paris Photo a fait son grand retour au Palais Éphémère mi-novembre. Pour Florence Bourgeois, sa directrice, on y sentait une envie prégnante de se retrouver. 200 galeries du monde entier et quelques 60 000 visiteurs se sont rassemblés pour y faire de grandes et belles découvertes.

La part belle aux jeunes artistes

Le secteur Curiosa dédié aux émergents exposait 20 participants venus de 16 pays avec des oeuvres très emblématiques de la pratique contemporaine. Ces artistes décloisonnent l’art et la vie. C’est le cas de la Polonaise Karolina Wojtas et de ses étranges portraits qui mettent en scène la jalousie fraternelle dans une série grinçante mais  tendrement baptisée « We Can’t live Without Each Other » ou encore de la Congolaise Gosette Lubondo¹, découverte l’année dernière au Musée du quai Branly dans l’exposition « À toi appartient le regard… » qui évoque ses souvenirs d’enfance et hante des lieux appartenant au passé colonial.

Place aux femmes²

Les femmes étaient bien représentées avec 32% des artistes exposés, certes toujours minoritaires mais en augmentation par rapport à 2018 (20% du total). Au sein du seul secteur Curiosa le pourcentage remontait à 60%. Ces artistes contemporaines pratiquent un art résolument activiste où l’on retrouve deux grands thèmes : la nature et ses fragilités, comme le dérèglement climatique et la représentation du genre et de la race. Colorées, délicates, structurées, ces femmes nous offrent, au travers de leurs œuvres, de véritables bouffées d’émotions entre l’art et la vie.

©Paris Photo 2021

©Dimakatso Mathopa – Charlotte Abramow – Katy Grannan – Anastasia Samoylova

Oser expérimenter avec l’image

La Russo-Américaine Anastasia Samoylova centre son travail sur l’écologie et la nature. Elle représente des paysages très colorés utilisant le mouvement cubiste pour représenter le chaos du monde. Dimakatso Mathopa, d’Afrique du Sud, questionne le système de domination et présente des autoportraits dans des scènes coloniales où le corps de la femme noire est le protagoniste. L’artiste française Charlotte Abramow s’attache à déconstruire les notions de genre et de beauté tout en montrant l’humain de façon poétique et ludique en désexualisant les corps féminins, alors que l’Américaine Katy Grannan s’intéresse plutôt à la question du genre.

Un regard pluriel et des éclairages bienvenus !

Michèle Robach

¹Lauréate du prix de la photographie de la maison de champagne Ruinart en 2021.
²Depuis 2017, Paris Photo accorde une attention particulière aux femmes photographes à travers le projet Elles x Paris Photo créé en 2017 à l’initiative du ministère de la Culture. 

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