Entre nos jeunes qui ont de moins en moins les moyens de s’offrir des loyers devenus exorbitants et nos seniors à la recherche de solutions pour rester chez eux le plus longtemps possible, les idées fleurissent, maisons partagées façon béguinage ou bien toutes générations confondues, cohabitation transgénérationnelle : ces nouveaux potentiels de logement ouvrent des perspectives insoupçonnées !
♦ Cohabitation intergénérationnelle
Typhaine de Penfentenyo crée en 2006 une association mettant en relation des seniors en mal de solitude et des jeunes en mal de logement, deux vulnérabilités qui se rejoignent. La moyenne d’âge des accueillants ? 85 ans, 80% sont veufs ou veuves. Les jeunes ? 22 ans, la moitié d’entre eux sont boursiers et 30% étrangers. En 16 ans d’activité, 7 000 binômes ont été formés et 1 200 personnes vivent ensemble chaque année (dont la moitié en région parisienne) selon cette forme de cohabitation qui permet aux seniors de reculer l’âge d’entrée en maison de retraite et aux jeunes d’économiser le prix d’un loyer et d’aller jusqu’au bout de leurs études. Il s’agit d’une présence sécurisante ou aidante selon la formule choisie. Chaque binôme est une histoire unique formé avec soin par les bénévoles de l’association qui assurent ensuite le suivi. « Cela demande du temps, de la délicatesse et du doigté. » dit la fondatrice. C’est un modèle qui ne demanderait qu’à croître si le gouvernement donnait le coup de pouce financier réclamé par les associations qui en ont besoin si elles veulent diffuser et changer d’échelle.
Ensemble2générations
« La cohabitation intergénérationnelle, ainsi que toute autre forme d’habitat partagé, se situe au cœur des enjeux d’adaptation de la société au vieillissement. C’est l’avenir ! » Typhaine de Penfentenyo
♦ Maisons partagées seniors
Vous vous souvenez certainement de la célébrissime série qui portait à l’écran, pour la première fois, les joies de la colocation entre trentenaires célibataires. Transposez cette colocation entre personnes un tantinet plus âgées et vous aurez la version moderne des béguinages. Les seniors sont de plus en plus nombreux, souvent actifs, autonomes et valides, et souhaitent privilégier une alternative positive à la maison de retraite. De ce constat est née l’idée de domiciles partagés, solidaires et à taille humaine. Les maisons sont généralement situées au cœur des villages et réunissent au maximum 10 personnes. Chaque pensionnaire a sa chambre et sa salle de bain privative et ils partagent tous des espaces communs, séjour, cuisine dans lesquels ils se retrouvent et peuvent accueillir des amis ou de la famille. Les maisons sont animées par des gouvernantes (ou maîtresses de maison) qui gèrent l’intendance et font le lien entre les colocataires. Adieu la solitude et la désocialisation du grand âge et vive l’autonomie, la dignité, la sécurité et la convivialité. Les habitants sont acteurs de leur vie et continuent à appartenir au monde des vivants.
Les Maisons partagées d’Âges sans frontières
Maisons Marguerite
« C’est comme une grande famille recomposée où il fait bon vivre et vieillir ensemble. »
♦ Villa tous âges, comme un village
Ou l’idée de faire cohabiter des personnes âgées, des étudiants et des personnes de tous horizons en difficultés personnelles. Depuis l’adolescence, ce concept trotte dans la tête d’Anne de la Baume. Fortunée, elle décide de vendre des tableaux de famille afin de réunir suffisamment d’argent pour créer cette maison partagée. Elle rachète et fait rénover un hôtel particulier à Lille et y installe « Villa-village ». Onze logements qui répondent au principe du vivre ensemble : « Les logements sont prêts à l’emploi, chacun a sa salle de bain, ses WC, sa cuisine mais des espaces partagés favorisent la convivialité : une cuisine pour recevoir de grandes tablées, une buanderie belle et spacieuse et une salle des fêtes. »
Villa Village
« L’histoire n’est pas finie. Je ne suis qu’à la moitié du chemin. Maintenant, je dois convaincre d’autres personnes de faire la même chose. » Anne de la Baume
Agnès Brunel et Marie-Hélène Cossé